La science est claire : l’humanité est en danger. Six limites planétaires sur neuf sont dépassées et l’avenir de nos élèves paraît sombre. Les catastrophes s’enchaînent, s’accélèrent et s’amplifient. Canicules, tempêtes, inondations et pandémies rythmerons la société de demain, dans un état d’urgence permanent.

Mais il reste un espoir, celui d’une transformation totale de la société. Tout doit changer : l’agriculture, le transport, la distribution de nourriture, d’eau, d’énergie… Pour éviter l’avenir obscur qui se dessine pour nos élèves, nous devons en construire un autre.

Comme le dit Christophe Cassou, géophysicien et climatologue coauteur du dernier rapport du Giec : « La transformation sera subie ou choisie mais elle se fera, alors autant qu’elle soit choisie plutôt que subie. » Pour le meilleur ou pour le pire, une fois adultes, nos élèves vivront dans un monde très différent de celui que nous connaissons : reproduire une génération semblable à la nôtre est vain. Quel serait le sens de notre métier dans ce cas ? Notre rôle d’enseignant sera de préparer nos élèves à un de ces mondes à venir, et nous choisirons le meilleur.

Les réalités sont angoissantes mais cacher la vérité aux élèves n’est pas leur servir. Ce n’est qu’en étant éclairés qu’ils pourront s’adapter et s’émanciper. Il est donc nécessaire de leur enseigner les enjeux écologiques et de leur présenter différentes alternatives de sortie de crise, celles qui sont présentées par les chercheurs. Ces alternatives sont celles qui leur permettra de garder un espoir, plutôt que de sombrer dans l’éco-anxiété, associée à un profond sentiment d’injustice fait par les adultes à leur égard.

Cependant, de nombreux programmes scolaires, y compris scientifiques, traitent de l’urgence écologique en maintenant les élèves dans une illusion de croissance infinie « durable ». Le vieux monde libéral manipule les foules au travers de nombreuses campagnes de désinformation, d’écoblanchiments et de diffusion de propositions technosolutionnistes. En présentant des solutions à l’impact négligeable telles que des marches vertes ou des plantages d’arbres, nos dirigeant cyniques ne cherchent qu’à endormir nos élèves afin de maintenir leur position dominante coûte que coûte. Il nous est impératif de renforcer l’esprit critique de nos élèves et de déconstruire ces fausses solutions.

Mais notre devoir ne se limite pas à préparer les élèves à vivre dans une société qui n’existe pas encore. Pour construire l’avenir, notre mission est double : il faut aussi créer cette nouvelle société. Cet avenir doit se construire dès aujourd’hui. Nous devons préparer un terreau fertile qui permettra l’épanouissement de nos jeunes pousses. Nous devons soutenir les combats écologistes prônant une sortie des énergies fossiles et des modèles agricoles industriels destructeurs. Développons le rail et mettons en lumière les initiatives alternatives à celles proposées par le monde ultra-libéral.

Si des nuages sombrent pointent à l’horizon, seul en grand vent d’espoir permettra à nos élèves de les repousser. À nous de les préparer à l’orage et de leur insuffler cet espoir.