Les autorités gouvernementales, du 1er ministre à la préfère de Loire-Atlantique en passant par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, l’ont toutes répété à l’envie : il est inadmissible de laisser prospérer une « zone de non droit » sur le territoire de la République. Or donc, on a mobilisé avec forces moyens matériels 2500 gendarmes mobiles et 1500 policiers pour déloger quelques dizaines d’occupants de la ZAD de Notre Dame des Landes.
Question : c’est quoi une « zone de non droit » ? – un espace où ne s’applique pas la loi du marché, ni l’appropriation privée de la terre, ni la nécessité de mener des activités lucratives, ni l’utilisation massive des intrants chimiques dans la production agricole ??
Dans ces conditions, bien sûr, le lycée Maurice Utrillo en Seine-St-Denis – où s’affrontent avec une violence extrême à l’intérieur même des locaux les bandes rivales entre elles – n’est sans doute pas une zone de non droit. C’est pourquoi, les autorités publiques ne jugent pas nécessaire d’y assurer la sécurité des élèves et des personnels et la sérénité des enseignements. Et les cités sensibles où prospèrent les trafics de drogue selon le plus brutal des modèles marchands ne sont sans doute pas non plus des zones de non droit. Elles ne nécessitent donc pas non plus qu’on y assure sécurité, ordre public et maintien des services publics, et tout particulièrement pas de moyens spécifiques pour y développer un système éducatif à même de briser les inégalités scolaires et permettre la promotion des enfants des milieux populaires.
Mais c’est moins rentable au plan médiatique que renverser les cabanes et ateliers des « ultra-écolo-gauchistes » contre lesquels il est plus facile d’exercer la pression autoritaire de l’Etat et de « l’ordre républicain ».