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Monsieur le Directeur Académique,
Mesdames et Messieurs les membres du CSA-SD,
Nous avons enfin compris ce que signifie dans notre institution « Avoir une attention particulière » : Avoir une attention particulière, c’est interpeler une enseignante devant ses élèves pour lui apprendre qu’elle pourra faire ses valises à la fin de l’année scolaire. Avoir une attention particulière c’est optimiser la diminution des moyens, en prévoyant, sans concertation, le regroupement des classes en filière technologique. Avoir une attention particulière c’est entendre à l’automne l’attachement des équipes à l’existence du service public dans un secteur sinistré et pour autant ne pas hésiter, deux mois plus tard, à décréter 8 suppressions de postes dans le même établissement. Les enseignant.es du lycée Beaumont de Redon se souviennent très bien avoir entendu, dans cette pièce, lors de l’audience que vous leur avez accordée en décembre dernier, qu’une attention particulière serait portée sur la situation de leur établissement. Les collègues sont aujourd’hui meurtris, et ont, avec nous, le sentiment que décidément tout sera fait pour déconstruire pierre par pierre le service public d’éducation dans des secteurs ou l’enseignement privé confessionnel se frotte les mains. L’engagement de l’équipe de direction du lycée Beaumont à mener à bien cette mission est à tout point de vue remarquable : les collègues qui se sont d’ores et déjà vus notifier leur futur départ peuvent en témoigner.
C’est avec la violence de cet exemple que nous voulons aujourd’hui dénoncer la diminution de la dotation de notre département : les chiffres du CSA-A font état de - 26,5 ETP en collège, - 22 ETP en lycée GT et nous craignons que ce soit davantage encore. Le prétexte de la diminution des effectifs n’éveille que la colère et le découragement dans les établissements. L’infléchissement démographique devrait être l’occasion d’améliorer le taux d’encadrement en recherchant la baisse des effectifs dans les classes. Il n’en est malheureusement pas question car l’objectif est toujours le même : optimiser la ressource sans hésiter à proposer des classes approchant les 30 élèves en collège, 36 en lycée. L’Ille-et-Vilaine est le département le plus mal traité de l’académie avec le H/E le plus faible. Pour la FSU les choix de l’institution ne sont pas les bons. Les élèves ont besoin d’avoir des enseignant.es disponibles, pas des enseignant.es usé.es par leurs conditions de travail.
La FSU dénonce également le rythme avec lequel les opérations de préparation de rentrée se déroulent cette année. Le calendrier budgétaire perturbé a obligé le ministère puis le rectorat à modifier le calendrier des instances de concertation. Ce n’est pas le cas dans notre département. Une partie des chefs d’établissements ordonne les réunions de conseils d’administration avant les vacances d’hiver sans pouvoir prendre réellement le temps de la concertation car ils sont sommés de remonter leurs décisions avant le 25 février. Une autre partie argue de ce manque de temps pour justifier l’absence de vote au CA avant cette remontée ! Comment peut-on dès lors penser que le CSA-SD prévu le 11 mars pourra se prononcer sur les créations et suppressions de postes si le processus démocratique n’a pas pu être respecté dans les établissements ? Nous réitérons donc notre de demande de desserrer le calendrier afin de permettre aux CA de délibérer après avoir laissé du temps aux équipes, aux parents d’élèves et aux directions d’échanger dans un climat apaisé.
Les documents préparatoires pour lesquels nous tenons à remercier les collègues des services, soulèvent des interrogations et des remarques : Cette année encore le taux d’HSA est fortement élevé dans les établissements. Ces HSA ne sont plus, depuis longtemps, une souplesse accordée pour organiser au mieux les enseignements mais une façon de contraindre les enseignant es à augmenter leur temps de service. Nos collègues nous font part de manœuvres scandaleuses : des enseignant es partent en complément de service alors que des heures sont présentes dans l’établissement mais attribuées en HSA à des collègues qui n’en veulent pas, des professeur es à temps plein à 18h se voient attribuer une classe à partager pour arriver aux fameuses 20h de service. Nous souhaitons savoir si les chefs d’établissements reçoivent des consignes explicites pour attribuer coûte que coûte des HSA quitte pour cela à dégrader les conditions d’enseignement et donc les conditions d’apprentissage des élèves.
D’autre part, comme l’année passée, aucune information n’est donnée sur la manière dont sont répartis les moyens étiquetés « groupes de besoins 6e/5e ». La clé de répartition qui explique qu’un collège du département a reçu seulement 8h, là ou un autre en a reçu 17, à effectifs comparables, n’est pas connue par la profession. Dans les collèges, les chefs d’établissements qui ont dès maintenant prévu la constitution de groupes comme l’année passée prévoient parfois d’en faire également en 4e et en 3e. Nous tenons à rappeler qu’en matière de répartition des élèves en groupes et d’organisation des enseignements ce sont les CA qui décident, pas les chefs d’établissement. D’autre part, pour le moment aucune consigne n’a été donnée par le ministère qui préfère laisser aux établissements le choix d’organiser le soutien aux élèves de ces niveaux : avec quels moyens ? Nous attendons que vous nous le précisiez.
Ensuite nous remarquons comme chaque année que les moyens de la dotation départementale ne sont pas tous ventilés : ainsi ce sont 114 heures en lycée GT, 258 heures en collège, 14,5 heures en SEGPA et 22,5 heures en LP qui sont mises de côté pour les ajustements. Nous souhaitons savoir quels sont les établissements qui pourraient faire l’objet de mesures d’ajustement de moyens.
Les documents préparatoires ne font pas état des dotations en IMP ni en pactes car ces moyens sont liés à l’adoption du budget par la représentation nationale. Pour autant nous avons besoin de comprendre comment les missions supplémentaires confiées aux équipes (EVARS, PSC1, PIX, Phare...) peuvent être rémunérées du fait de la disparition des enveloppes d’HSE et comment la dotation en pacte est utilisée par les chefs d’établissement : pouvez-vous nous confirmer qu’il leur est permis de fractionner les enveloppes jusqu’à l’unité pour s’en servir comme des HSE ?
Enfin nous tenons à saluer l’ouverture de nouveaux dispositifs ULIS au collège de Simone Veil de Crevin et au lycée La Champagne de Vitré ainsi que l’attribution de moyens UPE2A au collège La Binquenais de Rennes. Cependant dans une enveloppe contrainte, ces moyens sont ventilés au détriment des autres établissements du département alors que les élèves fragiles et à besoins éducatifs particuliers sont dans tous les lycées et dans tous les collèges.
Monsieur le Directeur Académique, nous sentons de la fragilité dans les équipes enseignantes et d’éducation angoissées par des conditions de rentrée qui ne s’annoncent pas bonnes, découragées par les mesures vexatoires prévues à l’encontre des agent es par le ministre de la fonction publique. Nous sentons de la fébrilité chez les équipes de direction toujours mises sous pression pour être les organisatrices de la dégradation des conditions de travail dans les établissements. La profession attend autre chose pour lui redonner espoir, elle attend que la priorité soit enfin donnée à l’École Publique et Laïque, la seule à même de garantir l’émancipation de la jeunesse et l’accès à une culture commune qui permettra de faire obstacle à la montée de l’obscurantisme et de l’extrême droite en France et dans le monde.