Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs
Depuis la reprise de novembre, le ministre de l’Éducation nationale n’a eu décidément aucune réponse à la hauteur des évènements et le mépris dans lequel il tient tous les personnels de son ministère est insupportable.
L’hommage escamoté à notre collègue Samuel Paty au matin du 2 novembre a suscité une vague d’indignation dans les écoles et établissements. Mais l’hommage a bien eu lieu, organisé coûte que coûte par la force de propositions des équipes éducatives. Les directions ont parfois dégagé des espaces pour les initiatives collectives, un temps de recueillement entre collègues et une préparation du temps pédagogique avec les élèves. Contrairement au ministre, les personnels et les élèves, toutes et tous, ont été à la hauteur de cette journée si difficile et nous pouvons être fièr-es de nos élèves qui ont répondu avec émotion et solidarité à la minute de silence. Des réponses doivent maintenant être réfléchies pour travailler en classe les principes fondamentaux de la République comme la liberté de la presse et la laïcité. Devant des jeunes réunis en octobre à Poitiers à l’initiative de la Fédération des centres sociaux, la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de l’engagement a montré un bien mauvais exemple avec son discours vertical et descendant. Il convient bien au contraire de construire pas à pas le jugement éclairé de nos élèves par le débat, cadré et documenté, comme cela se fait en EMC. En plus de renforcer la formation continue, il convient de rétablir en lycée général et technologique comme professionnel, les heures d’EMC supprimées sans vergogne par le ministre.
JM Blanquer n’a pas été davantage à la hauteur jeudi dernier lors de la conférence de presse du Premier ministre sur la situation sanitaire dans le pays. Se bornant à rappeler les fondamentaux de l’école primaire et sans même prononcer une seule fois le mot collège, le ministre s’enferme dans le déni des réalités. Les relevés statistiques du ministère de l’EN sont ouvertement contredits par les ARS alors qu’en une semaine, le nombre d’élèves contaminés a été multiplié par 4 et le nombre d’enseignant-es contaminés multiplié par 2.
Sans dédoublement des classes comme cela a été acté précipitamment en lycées, des écoles et des collèges pourraient fermer avec comme conséquence pour les élèves une rupture des apprentissages qu’il est encore possible d’éviter. La responsabilité du ministre est aujourd’hui engagée pour que des mesures soient prises pour alléger les effectifs, aménager les programmes et reporter en juin les épreuves de bac prévues du 15 au 17 mars. M. Le Recteur vous avez donné tout récemment des consignes pour examiner la situation des collèges « les plus en tension ». La FSU vous demande d’étendre la possibilité de dédoublement à tous les collèges. Plusieurs collèges vous ont déjà écrit en ce sens : les collèges de Rostrenen, de Pont L’abbé, de l’Harteloire et de l’Iorise à Brest, de Carhaix, de Combourg, de Liffré, de Romillé, Thèrése Pierre à Fougères, Rosa Parks à Rennes, Kérentrech à Lorient, Lurçat à Lanester, C. de Gaulle à Ploemeur. Sans attendre une nouvelle grève sanitaire ou une multiplication des droits de retrait, il est urgent de répondre à l’inquiétude des personnels tout autant déterminés à maintenir les écoles et établissements ouverts. Alors que certaines directions envisagent de recourir au vote des personnels avant de demander des dédoublements, la FSU rappelle que la priorité sanitaire s’impose à tous et partout et qu’il est exclu de créer de telles confusions. L’annonce d’un million de tests antigéniques pour les personnels confirme bien qu’ils sont véritablement exposés au virus au contact des élèves. La généralisation de ces tests auprès des personnels doit impérativement s’organiser dans le respect des protocoles sanitaires qui exigent des espaces spécifiquement dédiés et du matériel adapté. En aucun cas, cette campagne à grande échelle ne doit être supportée par les infirmiers scolaires car leurs missions, exclusivement tournées vers les élèves, seraient entravées. La FSU sera particulièrement vigilante au respect des missions et des métiers.
La crise sanitaire frappe durement la jeunesse, en particulier les jeunes les plus modestes. Cette situation renforce notre conviction du rôle essentiel de la formation professionnelle sous statut scolaire public quand le gouvernement argue de la crise pour accentuer encore sa politique de soutien massif à l’apprentissage. Le projet de Carte des formations professionnelles pour la rentrée 2021 confirme hélas cette absence de considération pour les LP publics. Extrêmement pauvre en mesures nouvelles, la Carte 2021 ne répond à aucune des priorités affichées pour les formations en Bretagne. Projet sans volonté ni moyens, sa présentation dans le document académique est de surcroît insincère ou du moins fautive en plusieurs points. En l’état et faute d’un engagement plus volontariste de la part du rectorat, la FSU votera contre ce projet au CAEN
La concertation voulue par le rectorat pour instruire en toute transparence avec les représentants des personnels l’arrêté d’organisation des services JS laisse un certain nombre de points clefs défendus par l’intersyndicale nationale sans véritable garantie formalisée à ce jour : préserver au niveau local l’identification des services chargés des missions Jeunesse et sports, vie associative et éducation populaire, créer des instances de dialogue social spécifiques au niveau académique, accompagner les personnels dans cette transition pour écarter tous les risques psycho-sociaux. La FSU est attachée au respect des missions de chacun-e et elle s’opposera à une revue des missions qui réorienterait l’utilisation des compétences individuelles. La FSU demande par ailleurs que le projet de protocole Recteurs/Préfets qui contient des arbitrages essentiels soit présenté dans un prochain CTA. Avant de fixer notre vote sur cet arrêté, nous serons attentifs aux réponses apportées.
Pour finir, Monsieur Le Recteur, la FSU revendique un plan de recrutement dont l’urgence s’est révélée plus criante encore avec la crise sanitaire tant les remplacements de collègues malades -enseignants, AED et AESH- restent en attente. Il y a bien urgence à recruter au plus vite en mobilisant notamment les listes complémentaires pour desserrer durablement les effectifs dans les classes, lutter contre les inégalités et faire réussir tous les jeunes.
Recruter... et payer dignement les personnels ! Hier, sans attendre la fin des échanges qui se poursuivaient au ministère avec les représentants des personnels, le ministre a communiqué sur les mesures de revalorisation limitées aux seul-es enseignant-es. Elles sont loin d’être suffisantes pour rattraper tous les retards accumulés et une prime au mieux de 100 euros en début de carrière n’encouragera pas davantage les étudiant-es à venir vers nos métiers de plus en plus difficile à exercer