Monsieur le Recteur,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs
Ce lundi 17 juin, de très nombreux collègues ont cessé le travail en lycée pour le premier jour des surveillances du bac. Cette initiative à l’appel de l’Intersyndicale FSU, CGT, SUD et SNALC avec d’autres comme les Stylos rouges et des associations de spécialistes a rencontré l’adhésion d’une très large majorité de collègues qui d’une façon ou d’une autre ont fait entendre leur rejet des réformes Blanquer et de la Fonction publique. Cette grève des surveillances qui n’est pas naturelle pour les personnels a été bien comprise, plus particulièrement des parents d’élèves qui partagent nos analyses sur les réformes idéologiques du Ministre. Personne n’est dupe car si son discours reste lisse, la politique du Ministre est à la promotion d’un système scolaire inégalitaire où les répartitions spatiales et les positions sociales des familles auront des effets irréversibles sur le parcours des élèves.
Plutôt que de débattre et exposer son inclinaison libérale, le Ministre n’exprime depuis des mois que du mépris pour les personnels. Il reste sourd et aveugle malgré toutes les formes de résistance qui se sont organisées bien souvent avec la participation des parents d’élèves.
Toujours aucun signe d’ouverture de sa part quand le motif de la grève lundi était l’ouverture de discussions. Si aucun dysfonctionnement n’a été constaté, rien ne permet à ce jour de garantir que les sessions 2019 du bac et du DNB se termineront sans accroc ou dérapage. Le Ministre doit entendre que son absence de dialogue peut engager les personnels avec leurs organisations syndicales à poursuivre leur mobilisation avec des actions qui pourraient se diversifier et s’amplifier.
Dans le 1er degré, les enseignants soutenus par les parents d’élèves et les élus ont manifesté leur refus du projet de loi Blanquer. Ces mobilisations ont pesé sur la commission mixte paritaire devant statuer sur le projet de loi. Elles ont permis la suppression de l’article créant les établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux et le rejet d’amendements sénatoriaux qui modifiaient en profondeur le fonctionnement de l’école comme l’article 6 ter qui plaçait les enseignants sous l’autorité de la directrice ou du directeur. Mais ces évolutions sont insuffisantes.
Car la volonté de limiter la liberté d’expression des enseignants, les cadeaux faits à l’école privée, la création d’établissements locaux d’enseignement international réservés aux classes sociales favorisées et actant une école à plusieurs vitesses, la porte ouverte aux remplacements assurés par des étudiants sans concours ni formation, la suppression du Cnesco organisme indépendant d’évaluation des politiques éducatives demeurent. La loi Blanquer reste donc massivement rejetée par la profession.
Le 27 juin sera donc une nouvelle journée d’action qui verra se rejoindre une grève le 1er jour des surveillances du DNB et un appel de l’Intersyndicale fonction publique. La destruction des garanties statutaires voulues à la Libération comme les instances de contrôle paritaire ou le code des pensions assurant à chaque fonctionnaire un salaire continué pour un niveau de vie décent à la retraite est bien en marche. Ce modèle de société, où la compétition entre individus et le lien contractuel et précaire à l’emploi sont la norme, est en conflit avec l’intérêt général défendu en chaque occasion par les fonctionnaires. Engagé-es à faire vivre le caractère social de la République pour garantir l’égalité des droits comme l’accès aux services publics pour tous les citoyens, on comprend pourquoi ces derniers sont sur la sellette, menacé-es dans leur liberté d’expression et dans leur droit d’être défendu-es par les représentant-es élu-es du personnel.
Des mesures pour le pouvoir d’achat sont attendues et l’annonce d’un observatoire des rémunérations pour les métiers de l’Éducation ne constitue certainement pas une revalorisation salariale. La crise du recrutement comme les démissions d’enseignants plus nombreuses s’expliquent en partie par la faiblesse des salaires dans nos métiers. Dégel et revalorisation de la valeur du point d’indice, attribution uniforme de 30 points d’indice sur l’ensemble de la grille, abrogation du jour de carence, augmentation du minimum fonction publique (indice 309 depuis 2013) qui sert souvent d’indice pour la rémunération des contractuel-les les plus précaires, requalifications attendues de nombreux personnels des filières administratives et de laboratoire… les demandes de la FSU doivent être entendues pour tenir compte de l’inflation et de la croissance.
Monsieur le Recteur, pour votre premier CTA dans l’académie, la FSU souhaite rappeler combien le dialogue social, que le ministre ne cesse de piétiner, contribue au bon fonctionnement de notre académie dans l’intérêt des élèves et des personnels qui toutes missions confondues ont à cœur de faire réussir tous leurs élèves. Après quelques mois agités où les énergies réunies n’ont pas toujours permis de faire évoluer les désaccords sur le pilotage, la FSU souhaite le retour à un fonctionnement plus ouvert et démocratique pour chaque instance dans un périmètre et un rôle à réaffirmer. De nombreux sujets imposent des échanges avec les élus du personnels avant des arbitrages définitifs comme le projet académique, le devenir des CIO et de la Dronisep avec la nouvelle responsabilité de la Région sur l’information aux métiers et aux formations, la GRH de proximité, la mise en œuvre d’une réelle égalité femme/homme, les nouvelles modalités du bac et un bilan exhaustif de Parcoursup, la réforme du lycée appliquée en Terminale et le bilan sur les classes de première et surtout des moyens complémentaires pour améliorer sans plus attendre les conditions de rentrée 2019.
La FSU sera disponible pour discuter l’ensemble de ces sujets comme elle l’a toujours pratiqué dans l’académie pour assurer, dans la continuité, la prise en compte des attentes des personnels qui œuvrent au quotidien pour l’école publique.