25 janvier 2018

Actualité académique

CTA du 25 janvier 2018 : Déclaration de la FSU

Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs

La taille des classes est un des leviers de la réussite scolaire, les études sont formelles et le gouvernement en est conscient puisqu’il a décidé de dédoubler les CP en REP+ et en REP. Puisqu’il est avéré que la réduction des effectifs par classe est un facteur de réussite, la FSU demande que toutes les classes de l’académie, en éducation prioritaire ou hors éducation prioritaire puissent en bénéficier : pas plus de 25 élèves par classe et pas plus de 20 en éducation prioritaire.

Les documents du CTA font état pour le 1er degré d’une baisse démographique dans l’académie. Mais l’éducation nationale doit-elle accompagner cette baisse ou même la renforcer en ne donnant pas aux départements les moyens d’être attractifs pour les jeunes ménages et de fonctionner correctement ?

Quels seraient les effectifs de l’académie, si l’éducation nationale avait fait le pari du développement du service public d’éducation sur les territoires où il est absent ? Quels seraient aussi les effectifs de l’académie si les effectifs des élèves de moins de trois ans n’avaient pas été divisés par 2 depuis 2005 sur l’impulsion de politiques départementales ou rectorale visant à limiter la scolarisation des enfants de moins de trois dans le public mais faisant le choix de laisser l’enseignement catholique prospérer et se développer en accueillant librement ces élèves et captant ainsi des flux d’élèves.

Les chiffres que vous nous présentez ne sont pas seulement un phénomène démographique, ils sont aussi les conséquences de votre politique. Mais ce sont les écoles qui vont devoir les assumer.

La commission Mathiot a rendu hier son rapport pour réformer le bac et le lycée. Ces orientations seront sans nul doute reprises par le Ministre tant elles font système avec les réformes de l’apprentissage et de la formation professionnelle et la mise en place de ParcourSup et du plan Etudiant. Sans jamais le dire, le gouvernement organise avec ce train de réformes une sélection sociale des élèves de la troisième jusqu’aux études supérieures.

Promouvoir l’apprentissage au détriment de la formation professionnelle en lycée professionnel qui forme tout autant par alternance, c’est écarter une partie des jeunes des milieux populaires des poursuites d’étude jusqu’au bac ou au BTS, une contradiction que l’académie aura à gérer.

Sélectionner les bacheliers à l’entrée de l’université au regard d’attendus et de lettre de motivation, c’est exiger des jeunes de faire les bons choix de parcours dès la classe de seconde, c’est attendre d’eux qu’ils valorisent leur profil pour être mieux classés, c’est les encourager à être raisonnables dans leurs choix d’orientation.

Parce que les déterminismes sociaux, de genre, des territoires seront autant de freins à l’œuvre pour brider l’ambition de nos élèves, la FSU s’oppose à la logique de ParcourSup, appelle les collègues à ne bloquer aucun vœu vers les filières anciennement non sélectives et à ne participer à aucun pronostic sur les « capacités des élèves à réussir » dans les formations demandées. La FSU revendique des moyens dans les premiers cycles universitaires pour répondre aux évolutions démographiques, pour offrir à tous les jeunes le droit de se tromper et de se changer de voie. Le bac doit rester le premier grade universitaire laissant la liberté d’inscription à l’université.

La réforme du lycée qui se dessine imposera aux élèves de faire des choix de parcours dès la classe de seconde, des choix déterminants deux ans plus tard lors de l’accès au supérieur. C’est à rebours de ce que nous connaissons de nos élèves souvent tourmentés pour avancer dans la spécialisation pourtant progressive du lycée actuel.

La certification en orientation imaginée par la commission Mathiot pour les enseignants ne permettra en aucun cas de suppléer les missions des PSYen auprès des élèves pour travailler les dimensions psychologiques et sociales dans la construction du projet d’orientation. L’individualisation des parcours au lycée, outre les baisses des horaires disciplinaires et la disparition des groupes classes qu’elle sous-tend, sera vécue par nos élèves comme une course d’obstacles à franchir et à capitaliser. C’est un recul très net sur la culture commune que nous défendons pour tous les élèves avec une spécialisation progressive jusqu’en terminale.

Les choix du gouvernement marquent une rupture avec des années de démocratisation des savoirs et d’élévation des qualifications pour tous les jeunes. Les mobilisations interfédérales du 1er février avec les organisations de la jeunesse, la grève dans le second degré à l’appel du SNES-FSU et de la CGT le 6 février exprimeront les résistances à cette politique pour l’école et l’exigence de moyens pour le service public d’éducation.

La suppression de 2600 emplois de stagiaires au budget, se traduit dans l’académie par une suppression de 51 emplois dans le second degré et des heures supplémentaires toujours plus nombreuses dans les DGH. Si la croissance démographique ralentit temporairement, les collèges et lycées publics ont gagné plus de 15 500 élèves depuis 2008 avec un solde net de 395 ETP créés. Il en faudrait aujourd’hui entre 640 et 840 pour retrouver les taux d’encadrement de 2008. Des effectifs chargés dans les classes, une offre de formation qui se réduit, des collèges publics qui ferment, des libertés accordées aux collèges privés dans la mise en œuvre de la réforme sont des signaux qui n’échappent pas à certaines familles. Depuis 2013, la progression des effectifs en collège est en nette défaveur pour les collèges publics qui ne portent que 26% de la progression globale sur les 2 réseaux.

Pour finir Monsieur le Recteur, la FSU vous alerte une nouvelle fois sur les écarts territoriaux qui se creusent dans l’académie. L’action publique que vous incarnez pour l’État doit avant tout prévenir les inégalités territoriales et contribuer au développement de tous les territoires avec une présence volontaire des services publics. Hélas, les cartes d’emploi pour les Côtes d’Armor et plus encore pour le Finistère qui perdrait à la rentrée 2018 presque 70 ETP tous corps confondus ne sont pas de nature à conforter les familles à s’y installer. Les mobilisations contre la fermeture du LP de Plouhinec révèlent combien nos concitoyens sont partout attachés à la présence des services publics. La FSU votera résolument contre cette fermeture.