8 juin 2018

Actualité académique

CTA du 7 juin 2018 Déclaration préalable de la FSU

Madame le Recteur,
Mesdames, Messieurs,

Depuis le 22 mai, de très nombreux élèves de Terminale sont avec leur famille dans l’attente de réponses sur Parcoursup. Des témoignages innombrables révèlent l’opacité des critères de sélection et la prise en compte inacceptable des quartiers, des lycées ou des filières d’origine. Alors que toute l’attention des élèves devrait se porter sur la préparation du bac, nos collègues ne cessent d’encourager les plus démotivé-es et rassurent celles et ceux qui associent leur rang de classement sur les listes d’attente à leur valeur scolaire, « je ne vaux donc rien » se convainquent hélas certains jeunes.

Une réelle sélection, lente et insondable, marquera durablement cette génération « en attente ». Ces lycéens nés en 2000 découvrent brutalement les nouvelles règles sélectives de l’accès aux études supérieures, inspirées des lois du marché. Elles viennent rompre avec des années de démocratisation de l’accès aux savoirs scolaires et universitaires. Il est encore temps de rétablir de l’équité entre tous et la FSU demande au plus vite l’ouverture des capacités d’accueil nécessaires, la publication de tous les algorithmes locaux assurant les tris des dossiers et l’anonymat des lycées d’origine dans les procédures.
L’absence de vœux hiérarchisés compromet par ailleurs la construction réfléchie d’un parcours de formation depuis le lycée jusqu’aux études supérieures. Tous les personnels qui travaillent chaque jour auprès des élèves s’accordent pour dire que la projection vers une formation choisie joue un rôle majeur dans la réussite et l’implication au lycée. C’est d’ailleurs bien là une des missions essentielles de nos collègues PsyEn-EDO : le développement des facteurs de motivation lorsqu’ils accompagnent les jeunes et leurs familles. Les compétences et missions de nos collègues PSYEN sont plus que jamais indispensables pour prendre en compte la dimension psychologique de l’adolescent dans son parcours.

C’est pourquoi la FSU entend amplifier les mobilisations contre toute forme de régionalisation de l’information et de l’orientation scolaire. Après la mobilisation intersyndicale à Paris le 5 juin, la FSU avec l’Intersyndicale appelle les personnels des CIO et DRONISEP à se rassembler devant le rectorat le 11 juin, premier jour de l’examen à l’assemblée nationale du projet de loi « liberté de choisir son avenir professionnel ».

Ce projet de loi aurait par ailleurs des effets sur l’organisation des enseignements en lycées professionnels. Des matières se voient amputées en moyenne de 13 % de leur volume horaire et la mise en place de classes de secondes indifférenciées par famille de métier laisse augurer une déprofessionnalisation des formations. Plus particulièrement, l’offre de formation dans le tertiaire administratif serait drastiquement réduite, ce qui plonge beaucoup de collègues dans l’incertitude d’une réorientation professionnelle contrainte.

L’ensemble de ces mesures aboutiraient à la suppression de plusieurs milliers de postes de PLP et c’est peut-être le vrai but recherché : faire des économies sur le dos de l’enseignement professionnel sous statut scolaire. D’ailleurs tout s’organise pour orienter les élèves vers l’apprentissage alors même que les employeurs rechignent à ce recrutement. Et en définitive la mixité des parcours risque fort de se transformer en fiasco où le jeune sera désorienté

La nouvelle organisation du lycée général et technologique, avec entre autres la disparition des séries générales à la rentrée 2019, laisse aussi présager des retraits de moyens considérables. Nous chiffrons à environ 350 ETP ces suppressions d’emplois possibles dans l’académie d’ici à 2020. Outre la baisse des horaires disciplinaires, la carte des enseignements de spécialité pour le cycle terminal sera déterminante tant pour assurer la diversité des formations sur tous les territoires que pour stabiliser les moyens et les équipes pédagogiques.

A ce titre, Madame le Recteur, les arbitrages que vous prendrez sur le pilotage de cette carte des enseignements de spécialité seront en tout point déterminants, d’autant plus qu’ils seront probablement corrélés à la mise en réseau des établissements publics.
La FSU vous demande Madame Le Recteur de porter à la connaissance des représentants élus du CTA l’état de cet important chantier et de mettre en place des espaces de concertation avec les personnels pour recueillir leur avis. La mise en place des stages de réussite en grande section avant la rentrée 2018 nous inquiète. Il s’agit d’un a priori négatif sur la réussite future des élèves et qui va à l’encontre du respect du rythme de l’enfant de maternelle.

Ce CTA présente le plan académique de formation continue. Avec des thématiques imposées et des formations trop courtes, ce plan ne correspond pas à l’idée que l’on peut se faire d’une formation continue de qualité et ne répond pas aux besoins et aux attentes des personnels. Ce plan académique n’ouvre aucune perspective pour prendre du recul par rapport à sa pratique pédagogique, pour tester de nouvelles pratiques puis y revenir pour échanger et confronter entre collègues et formateurs afin d’enrichir et approfondir la réflexion. Au contraire ce plan académique de formation impose aux enseignants une succession de formations ponctuelles, fragmentées, décontextualisées de la pratique professionnelle qui tient plus du catalogue que d’un plan de formation digne de ce nom. Il ne s’inscrit en rien dans un processus d’apprentissage professionnel continu nécessaire à l’évolution des pratiques pédagogiques pour une meilleure réussite des élèves. Il n’est que le résultat d’une série d’injonctions ministérielles chargées de transmettre la doxa officielle. Toutes les enquêtes internationales concluent qu’en France la formation continue est insuffisante voire inexistante et est trop peu associée à la recherche, ce plan de formation corrobore cette conclusion.