Dans quelques jours, le retour des élèves révélera la triste réalité de la rentrée, semblable à toutes les précédentes : des classes à nouveau pleines à craquer ! Le « monde d’après » d’Emmanuel Macron n’aura donc retenu pour l’école aucun enseignement de la crise sanitaire, pas plus d’ailleurs que pour l’environnement et l’économie.
La succession des plans sociaux est vertigineuse, la Bretagne particulièrement touchée à Lannion, à Morlaix où les licenciements sont scandaleusement justifiés par les conséquences de cette crise sanitaire. Les familles qui se tournent aujourd’hui vers les services publics et son école, gratuite, pourront y trouver les ressources et des appuis pour résister et défendre leur territoire. Des moyens doivent être
dégagés sans attendre pour accueillir la poussée démographique déjà perceptible dans les collèges et lycées publics de l’académie.
Après avoir chanté tout l’été pour promouvoir ses vacances apprenantes, le ministre a bel et bien oublié de préparer la rentrée malgré les rodomontades du Premier ministre sur les risques imminents d’une nouvelle vague de contamination. Où sont les mesures pour protéger les personnels, les élèves et leurs familles, où sont les moyens pour réduire les inégalités scolaires crûment mises à nu pendant le confinement ?
Le dernier protocole en date renonce même à toute distanciation physique dans la classe au risque de faire des écoles autant de clusters localisés. Une légèreté du gouvernement ? Non au contraire, une orientation bien réfléchie d’alléger tous les cadres nationaux et de faire porter les responsabilités sur les
individus. Les initiatives pour contrer les risques sanitaires relèvent désormais du préfet, du maire et qui sait bientôt du chef d’établissement ?
La jeunesse a reçu le message qu’elle était trop désinvolte pour protéger ses aînés en ne respectant pas assez les gestes barrières. Les personnels pourraient bientôt se voir reprocher de ne pas en faire assez pour les élèves, trop attachés à leur statut, à leur discipline, à leur ORS, à leurs vacances quand tout le monde devrait s’adapter pour faire face durablement au COVID.
Ce n’est donc pas un hasard si le numérique éducatif est dans l’agenda de rentrée du ministre avec des « Etats généraux ». Il prendra sans nul doute prétexte d’une thématique très dense pour y glisser les évolutions des pratiques professionnelles qu’il défend depuis toujours. Loin d’être consensuelles ou efficaces, les annonces pourraient faire la part belle aux dérégulations des métiers et aux expérimentations donnant prises sur nos missions aux entreprises privées, en mal de nouveaux marchés.
En plus de ce contexte professionnel particulièrement instable, les carrières sont fragilisées avec la fin des CAPA et la réforme des retraites reste d’actualité. Chacun
e peut compter sur le SNES-FSU et son réseau de militant es de terrain pour aider et accompagner les collègues, contribuer à la diffusion des informations et construire les mobilisations les plus unitaires possibles. Toute adhésion au SNES-FSU renforce ce rempart collectif, protecteur de la liberté d’agir, de s’engager, de résister.Gwénaël LE PAIH, 18 août 2020
Secrétaire général du SNES-FSU Bretagne