Les gouvernements depuis quelques décennies organisent le déficit de la Sécurité sociale (22 Mds € prévus en 2025) par les exonérations de cotisations sociales aux entreprises, non entièrement couvertes par l’Etat : 19 Mds € non compensés en 2023.
Ainsi on crée la dette de la Sécu, ce qui oblige à recourir aux emprunts sur les marchés financiers soit 22 Mds € empruntés en 2023, donc à créer une nouvelle dépense : la charge des intérêts sur la dette. De fait la Sécurité sociale a versé 79 Mds € en paiements nets d’intérêt depuis 1996, 2,7 Mds pour 2023, à des créanciers à 90% situés hors France. On asphyxie la Sécurité sociale aux profits de financiers privés et fonds de pension vautours.
Pour gérer cette dette la CADES (Caisse d’amortissement de la dette sociale) mobilise des recettes fiscales dédiées de la CSG (contribution sociale généralisée depuis 1991) et de la CRDS (Contribution pour le remboursement de la dette sociale depuis 1996), ainsi que du Fonds de réserve pour les retraites (FRR), qui lui verse 2,1 milliards d’euros par an depuis 2011. Tout cela essentiellement prélevé sur les salaires, retraites et allocations chômage, alors que le prélèvement sur les revenus du capital représentent moins de 10 % des recettes.
Il faut ajouter les emprunts liés aux besoins des hôpitaux qui accusent une dette de 30 Mds €, beaucoup sont étranglés par des emprunts toxiques. Cette dette insolvable est liée à la non compensation par l’Etat de l’augmentation des dépenses salariales issue du Ségur de la Santé, à la hausse des charges et à l’inflation, et à la promesse non tenue par l’Etat de reprendre la moitié de la dette.
Pour ’’rassurer’’ les marchés financiers et les agences de notation, et montrer le ’’sérieux’’ des pouvoirs publics il faut donc baisser les dépenses et les investissements de santé, surtout refuser d’ajuster les cotisations sociales qui gêneraient la bonne marche des entreprises et refuser obstinément de mettre à contribution les plus riches. On refuse aussi de constater le coût réel de la santé du fait du vieillissement de la population, de la sophistication de plus en plus prégnante de la médecine et des techniques hospitalières.
La santé a un coût, il appartient à la collectivité d’en prendre conscience et faire en sorte que ce coût soit assumé dans la solidarité par tous et toutes et notamment par les plus privilégié.e.s.