10 octobre 2019

Actualité académique

Déclaration préalable CHSCTA 10 octobre 2019

Déclaration préalable CHSCTA 10 octobre 2019
Monsieur le Recteur, Monsieur le secrétaire général, Madame la secrétaire générale adjointe directrice des ressources humaines, Mesdames, Messieurs,

Nous nous retrouvons aujourd’hui dans un moment très particulier à plusieurs titres. L’épuisement professionnel a fait plusieurs victimes depuis la rentrée, les conditions de travail de tous se dégradent et les perspectives sont plus sombres encore.

Nous avons tous été très choqués par le geste de notre collègue Christine Renon. En rédigeant des courriers pour expliquer son geste, Christine Renon a voulu alerter sur la dégradation continue des conditions de travail des directeurs, mais pas seulement. De nombreux collègues se sont reconnus dans ses propos.

Nous restons sous le choc, une semaine après ses obsèques, car nous voyons tous, autour de nous, dans l’exercice de nos mandats syndicaux, les conditions de travail se dégrader et des collègues, de plus en plus épuisés comme l’était Christine Renon. La multiplication des signalements dans les fiches SST dont nous examinerons tout à l’heure la synthèse n’est qu’un indicateur parmi d’autres.

Nous sommes particulièrement scandalisés par la manière dont le ministre s’est saisi de cette affaire pour annoncer un « comité de suivi de la fonction de directeur » et remettre sur la table la question du statut du directeur dont les professeurs des écoles ne veulent pas et qu’il avait dû renoncer à faire figurer dans la loi Blanquer.

Il n’est pas dans nos habitudes, à la FSU, de pronostiquer des épidémies de suicides comme on a pu le connaître dans certaines entreprises récemment privatisées, et ces gestes restent heureusement isolés. Mais il est plus que temps de reconnaître la dégradation continue des conditions de travail et l’explosion des risques psycho-sociaux qu’elle entraîne. La reconnaître et agir pour rétablir un cadre de travail serein.
Hélas, on ne peut pas dire qu’on en prenne le chemin… Il faut tout de même un certain aplomb pour affirmer qu’on se soucie de la santé des personnels tout en supprimant les CHSCT, seules instances consacrées à la prévention et à la santé des personnels. Qui peut croire que la fusion CT-CHSCT permettra d’améliorer leur efficacité ?

De manière plus globale, la réforme des retraites qui se profile organise un appauvrissement généralisé des retraités et provoquera un effondrement inédit des pensions des enseignants. Les inquiétudes sont nombreuses et le discours du président de la République à Rodez n’est pas de nature à les atténuer.
Dans un exercice étonnant, pour ne pas dire « délirant » il a d’ores et déjà divisé par deux la pension moyenne des enseignants en l’estimant à 1200 € alors qu’elle est à 2600 €. Et il a annoncé, en échange d’une revalorisation éventuelle, une augmentation du temps de travail et une diminution des périodes de vacances… Mais aussi puisqu’ « à 65 ans on ne peut pas être devant des élèves de manière innocente (…) à 55 ans, quand on est usé, il faut pouvoir avoir un job au Rectorat ou dans des fonctions où on sera moins exposés aux élèves »… Chacun appréciera.

Lors de notre dernière réunion, en juin, nous vous avions interpelé de manière un peu formelle et solennelle pour vous demander de relayer, à l’échelle du ministère, nos inquiétudes sur la dérive libérale que constituait à nos yeux le projet de loi Fonction publique. Cette loi a depuis été adoptée pendant l’été et toutes nos craintes se sont vues confirmées. Pire, les décrets actuellement présentés au ministère de l’action et des comptes publics imposent une vision idéologiquement très restrictive de la concertation et réduisent à néant le contrôle des représentants élus des personnels sur les opérations de mouvement au 1er janvier 2020 et de promotions au 1er janvier 2021.

C’est une régression historique qui mettra rapidement fin à la relation de confiance qui existait entre les fonctionnaires et leur administration. L’existence de barèmes et de règles dont les commissaires paritaires contrôlaient l’application, corrigeant parfois des erreurs ou faisant des propositions d’amélioration, permettait d’expliquer à l’ensemble des collègues les opérations les concernant. Le travail des élus du personnel était un gage de sérénité et de transparence pour tous. Sans regard collectif sur ces opérations, nous entrons dans une ère d’individualisation accrue, d’individualisme, qui rompt brutalement avec les habitudes, mais surtout avec la nature même des missions fondamentalement collectives de l’éducation nationale.

On le dit souvent, l’académie de Rennes est particulière, le dialogue social y est vivant, au service des élèves et des personnels. C’est pourquoi nous vous demandons aujourd’hui -et ce sera l’objet d’un avis que nous proposerons lors de ce comité- de maintenir à l’échelle académique des échanges permettant de conserver une transparence des opérations de carrière. Il serait dommage que les « 20 ans de dialogue social méticuleux » que saluait M. Le Recteur le jour des FPMA trouvent leur terme au 1er janvier 2020. Au-delà des personnels, c’est « notre bien le plus précieux, notre école » qui en pâtirait.