Monsieur le Recteur, mesdames, messieurs,
Ce CHSCTA ordinaire va examiner le bilan du programme annuel de prévention 2019-2020 et faire le bilan d’une année particulière, marquée par une crise sanitaire sans précédent. Nous avons 9 PV de CHSCTA à voter, un record ! Et nous pouvons donc saluer la volonté de dialogue et d’écoute que ces réunions traduisent à l’échelle académique. Mais la crise sanitaire n’est pas derrière nous : la litanie des chiffres égrenés quotidiennement est là pour nous le rappeler, tout autant que nos visages masqués.
Or cette crise est survenue dans un contexte déjà dégradé pour nos métiers. Nous le disons régulièrement, et les indicateurs que nous étudions aujourd’hui ne font que le confirmer. Si l’hygiène s’améliore actuellement -à la faveur des protocoles sanitaires- ce n’est pas le cas de la santé ni des conditions de travail.
Sur l’année passée, avant même la crise sanitaire, les indicateurs sur les RPS étaient déjà presque tous passés dans le rouge, pour ne pas dire le rouge écarlate. Le bilan des fiches SST montre une augmentation des tensions voire des agressions dont sont victimes les personnels, en particulier dans le 1er degré. Les interventions du service social concernant les « tensions conflits et souffrance au travail » ont augmenté de 16 pts en 1 an, les demandes d’entretiens pour difficultés professionnelles ont augmenté de 18 pts en 2 ans… et les démissions avec IDV (indemnités de départ volontaire) – ou les demandes de ruptures conventionnelles depuis juillet - augmentent dans des proportions importantes...
Nous le dénonçons régulièrement : la charge de travail, dans les services comme dans les établissements, de la maternelle au lycée -et pour des raisons différentes tenant à l’évolution des publics autant que des consignes ministérielles- ne fait que s’alourdir d’année en année sans que les personnels n’entrevoient d’amélioration possible.
Depuis le 15 mars, ils ont aussi le sentiment d’être livrés à eux même par un ministre qui déclare à qui veut l’entendre que « tout est prêt » alors que tout sur le terrain montre que ce n’est pas le cas. Chacun a bien compris cependant que la priorité est, depuis la rentrée, de maintenir l’accueil des élèves « quoi qu’il en coûte » quitte à alléger un protocole sanitaire déjà réduit, et à considérer que le virus s’arrête poliment à la porte des écoles.
Les difficultés -réelles- de distribution des masques dans bon nombre d’établissements à la rentrée, et les consignes évolutives dans la gestion des cas COVID ont alimenté un climat anxiogène, malgré les efforts du Rectorat pour communiquer au mieux auprès des chefs d’établissements et des directeurs. La volonté de laisser des marges de manœuvre aux établissements, tout en s’inscrivant dans le protocole, a conduit à des tensions là où les consignes n’ont pas été comprises ou acceptées. L’absence d’information claire et systématique des personnels alimente également les inquiétudes.
Pour ne prendre qu’un exemple, l’apparition de clusters dans les vies scolaires -où tous les surveillants peuvent être placés à l’isolement- pose des problèmes rapidement insolubles dans des collèges, comme à Tinténiac.
Nous souhaitons aujourd’hui, Monsieur le Recteur, vous alerter le plus solennellement possible sur l’état de fatigue, voire d’épuisement d’une part importante de nos collègues. Cette situation est inédite à ce stade de l’année scolaire. La santé des élèves comme des personnels devrait être la préoccupation première du Ministre et des recteurs. Des solutions doivent être trouvées sans attendre pour éviter qu’elle ne se dégrade encore davantage.
Dès le mois de juin, la FSU faisait connaître ses propositions pour anticiper une année scolaire sous Covid, tant pour écarter tout risque de fermeture d’école que pour accompagner les élèves dans les apprentissages après des mois sans classe. Le Premier ministre peut tenter de rassurer l’opinion publique en expliquant que « cela se passe globalement bien » dans les écoles (France Info le 12/10/20), personne n’est dupe de l’impréparation de l’Éducation nationale pour cette seconde vague de contamination et de l’aveuglement de son ministre. Mais les personnels refuseront d’y laisser leur santé.