20 janvier 2024

Actualité académique

Déclaration préalable de la FSU au CSA académique de Rennes

Déclaration préalable de la FSU au CSA académique de Rennes

Déclaration préalable de la FSU au CSA académique- séance du 18 janvier 2024

Monsieur le Recteur,
Mensonges et calomnies ! La nouvelle ministre a commencé très fort l’exercice de son nouveau mandat. A peine désignée, en réponse à une question -pourtant prévisible- sur le choix de scolarisation de ses enfants, la ministre a cru bon de se lancer dans une attaque en règle contre les personnels du service public d’éducation dont on venait de lui confier la charge ! J-M Blanquer nous avait habitué au mépris, mais parvenir à se déconsidérer aussi rapidement auprès des personnels, on n’avait pas vu ça depuis Claude Allègre.
Mais le message envoyé aux parents d’élèves est également désastreux. Alors qu’elle est comptable de la dégradation des conditions de travail des personnels et des élèves, elle légitime l’évitement et l’entre-soi qui fragilisent les fondements mêmes de l’école et, au-delà de l’école, notre modèle républicain.

Il est inutile d’en dire plus, notre ministre à mi-temps s’est déqualifiée elle-même dès sa première prise de parole. Alors que nous en sommes à notre 4ème ministre en deux ans, on mesure bien qu’elle ne fera pas long feu mais que cela importe peu puisque le premier ministre a affirmé qu’il emmenait la cause de l’école avec lui à Matignon, et que le président de la République a fait de l’éducation son domaine réservé.

Car notre vraie crainte, au-delà de la communication calamiteuse de la ministre, c’est que ses propos illustrent parfaitement la politique assumée de transformation du système éducatif pour mettre en œuvre une école à plusieurs vitesses. Du fait de l’existence d’un réseau privé sous contrat qui s’affranchit des règles communes, le système actuel est ségrégatif. L’académie de Rennes, par des effets d’échelle, est sans doute moins touchée que d’autres à ce titre. Pour autant, la présence du réseau privé confessionnel catholique a des incidences immédiates sur le fonctionnement des établissements et les moyens accordés à l’école laïque et républicaine, qu’ils émanent de l’Etat ou des collectivités territoriales. La FSU refuse de considérer l’état de fait comme une fatalité.

Les inégalités ne font que se renforcer depuis 7 ans à la faveur des politiques et des réformes menées par le président Macron. Le « choc des savoirs » annoncé par Gabriel Attal en piochant directement dans les programmes réactionnaires de l’extrême droite, de Zemmour à Le Pen, ne fera qu’aggraver les écarts. Mais on a en définitive le sentiment que c’est presque désormais un choix assumé.

Nous avons bien mesuré à quel point le jeune ministre avait fait preuve d’agilité dans ses fonctions puisqu’il a réussi à faire croire qu’il créait des emplois alors qu’il en supprimait. Le PLF 2024 acte bien la suppression de 1709 emplois dans le 1er degré et 484 dans le second. Mais par la grâce du « schéma d’emploi complémentaire » seuls 650 emplois disparaissent dans le 1er degré et 574 apparaissent dans le 2d degré. L’académie de Rennes ne récupère que 3 de ces « emplois magiques » et c’est donc avec une enveloppe à la baisse que vous allez devoir mettre en œuvre les nouvelles orientations nationales que sont les groupes de niveau, le doublement de l’EMC, le théâtre, le retour du redoublement et l’expérimentation des « prépa lycée », en plus des priorités académiques sur l’accompagnement des élèves les plus fragiles ou de l’orientation et l’EAC… Les suppressions de postes massives imposées pour la rentrée inquiètent l’ensemble des collègues. Comment accompagner dans de meilleures conditions l’ensemble des élèves dans leur parcours de réussite scolaire quand statistiquement le nombre de jeunes en situation de mal-être et le nombre de passages à l’acte chez les élèves les plus fragiles augmentent ? Comment lutter contre le décrochage scolaire dans ces conditions ?

Vous nous expliquerez sans doute, M. le Recteur, que la situation s’améliore cette année encore dans le premier degré au regard du P/E. Il n’en est rien. Les mesures de dédoublement, de créations d’Ulis ou encore de fermeture progressive d’ESMS, les postes réservés pour la formation bilingue… se font à moyens constants. L’Ecole publique craque des conditions qui lui sont faites, y compris dans notre académie. Multiplication des fiches SST, demandes de démissions et ruptures conventionnelles, recours important aux contractuels témoignent de la baisse d’attractivité de nos métiers, y compris en Bretagne. Si la question salariale est déterminante, les questions des conditions de travail, du respect de la professionnalité et du respect de l’Ecole publique le sont tout autant.

Mais sur ces enjeux déterminants, le président de la République n’a pas eu un mot mardi soir. Il a choisi d’instrumentaliser l’école pour un faire un marqueur de son virage réactionnaire : Marseillaise, instruction civique, uniforme, service national universel… Le Président de la République fait une erreur tragique en considérant qu’on peut lutter contre l’extrême droite en appliquant un programme aux relents vichyistes. Il se trompe en croyant qu’on peut préparer l’avenir en tournant le dos à la jeunesse et en cherchant à la mettre au pas.

Il trouvera toujours devant lui la FSU, déterminée à défendre le service public d’éducation et ses personnels pour permettre l’émancipation des élèves et la cohésion sociale de notre modèle républicain. Pour toutes ces raisons, elle appelle les personnels à se joindre à la journée de grève et de manifestations le 1er février.