26 novembre 2022

Actualité académique

Déclaration préalable FSU CAEN 24 novembre 2022

M. Le Recteur, Mesdames, Messieurs,

Pour la FSU, ce CAEN de bilan de rentrée est toujours un moment essentiel car il permet à la fois de partager des constats et de se projeter vers l’avenir.

Dans notre académie, marquée historiquement par la présence d’un réseau important d’établissements privés catholiques, c’est également l’occasion d’observer plus particulièrement les évolutions des deux réseaux. L’ouverture du Lycée Mona Ozouf à Ploërmel, un combat de plus de 50 ans, porté par la FSU depuis toujours, montre qu’il ne faut jamais désespérer de rien et que les fameux grands équilibres ne sont pas immuables, y compris dans des secteurs longtemps réservés à l’enseignement confessionnel. La FSU rappelle ce qui devrait être une évidence : les élèves et les familles doivent avoir la possibilité d’accéder à des établissements scolaires laïcs et gratuits sur l’ensemble du territoire de l’académie.

Le ministère a été contraint de publier en octobre les IPS des établissements privés qui démontrent ce que nous dénonçons de manière constante. La France est le seul pays au monde à entretenir une concurrence faussée entre public et privé en finançant avec de l’argent public des établissements qui ne sont pas tous soumis aux mêmes obligations d’accueil de tous les élèves. A l’échelle nationale, parmi les 200 collèges aux IPS les plus hauts, 75% sont des établissements privés. A l’inverse, parmi les 200 les plus bas, 98% sont des établissements publics. En Bretagne, parmi les 10 collèges qui possèdent les IPS les plus élevés, 9 relèvent de l’enseignement privé catholique... Ce système ségrégatif qui favorise l’entre soi creuse les inégalités et détruit la mixité scolaire. Il menace à terme la cohésion sociale.

La baisse des effectifs se poursuit cette année mais elle est moins importante que prévu. C’est tout de même 4991 élèves de moins alors que la prévision s’établissait à 5671. Après une importante baisse l’an passé, cette baisse porte cette année moins sur le réseau public que sur le privé qui perd 1,44% de ses effectifs dans le 1er degré et 1,11% dans le second degré. Tous réseaux confondus, si le 2d degré a perdu un peu plus d’élèves que prévu, notamment du fait des taux de réussite aux examens, c’est le 1er degré qui résiste le mieux avec 970 élèves de plus, particulièrement sur le niveau préélémentaire. Cette tendance, qui anticipe les évolutions démographiques liées à la hausse des naissances en 2021, est un signal positif qui demandera à être confirmé.

Les 18 octobre et 17 novembre, nombre de PLP étaient en grève pour s’opposer à la nouvelle réforme de la voie pro annoncée fin août. Cette transformation se présente comme structurelle et surtout expresse en l’absence totale d’écoute des enseignant.e.s sur le terrain. Pour justifier cette attaque contre la voie professionnelle sous statut scolaire, la ministre la compare artificiellement à celle de l’apprentissage, oubliant au passage que cette dernière ne diplôme que 41% des entrants en Bac professionnel et passant sous silence que 30 % des jeunes débutant un apprentissage pré-bac finissent en décrochage scolaire. Cette réforme ne poursuit qu’un objectif : propulser 1/3 de la jeunesse vers des emplois précaires désertés par les actifs du fait des conditions de travail et de salaire déplorables.

Nous nous inquiétons de la réduction des enseignements professionnels et généraux et d’une politique adéquationniste aux métiers en tension, sans tenir compte des vœux et aspirations de nos élèves. Nous redoutons un décrochage du caractère national des enseignements au profit d’un choix local des volumes horaires selon les orientations de ces métiers dits « en tension ». Plus encore, cette réforme risque de constituer une atteinte à une cohésion générationnelle entre les jeunes qui seront orientés vers des enseignements complets, ouverts, divers et les jeunes dont l’avenir sera défini par une adaptation aux besoins économiques immédiats. La FSU s’oppose fermement à ce projet de société.

Comme nous l’avons souligné au CTA avant-hier, la Carte des formations pour la rentrée 2023 s’inscrit malheureusement dans cette logique de marginalisation de la voie professionnelle des lycées publics voulue par le gouvernement.

Inutile de reprendre en détail les analyses que nous avons faites au CTA et dans notre déclaration conjointe avec nos camarades de la CGT au CREFOP. D’ailleurs quels changements pourrait-on attendre en réponse à nos critiques dès lors que ce CAEN intervient après le CREFOP plénier d’hier qui a acté cette Carte ? Le rectorat n’est pas seul en cause dans ce calendrier que nous déplorons, la Région elle-même ayant communiqué dès mercredi ces mesures avec les documents préparatoires à la session du Conseil régional des 15 et 16 décembre prochains. On touche là les limites du dialogue au sein de nos instances.

Pour autant nous attendons au moins que les débats d’aujourd’hui permettent de discuter la relation que nous établissons pour notre part entre l’insuffisance de l’offre de formation de proximité et les difficultés des élèves au sortir du collège et tout au long de leurs parcours (pré et post-Bac).

Nous ne nous satisfaisons pas d’en rester aux constats sans analyse du bilan Orientation-Affectation. Qu’il s’agisse de l’augmentation du nombre de demandes pour la Voie pro, voire de la prétendue « appétence des élèves et de leurs familles pour l’apprentissage » (sic), le rectorat ne manque pas de moyens pour mieux caractériser ces constats (quels élèves ? dans quels territoires ?) et pour explorer des hypothèses d’explication. De même s’agissant des mouvements observés en 2de GT pour l’orientation en voie technologique.

Pour la FSU ces éléments ne doivent pas être déconnectés de l’analyse de la Carte des formations, en particulier des effets produits par l’absence d’offre dans certains secteurs et pour certaines formations. Depuis des années, nous n’avons de cesse d’intervenir en présentant des cas précis et en faisant des propositions. Nous attendons maintenant que le rectorat nous présente ses explications et qu’il les confronte à nos analyses.

Ces constats inquiétants touchent au premier chef les jeunes des milieux les plus modestes. Au-delà des notes et des bilans, mais aussi au-delà de l’intérêt manifesté pour telle ou telle étude sur les jeunes de la voie pro ou des ‘Plans pour toutes les jeunesses’, nous engageons donc chacune des parties en responsabilité à agir enfin à la hauteur des attentes de ces jeunes et de leurs familles. Pour la FSU cela passe nécessairement par un investissement massif dans le Service public d’éducation partout dans nos territoires.