Monsieur le Recteur, Mesdames Messieurs,
La crise sanitaire qui s’est installée de manière durable depuis un an ne semble pas près de se terminer. Nous ne reviendrons pas sur la manière calamiteuse dont elle a été gérée par le gouvernement français sous l’autorité du président de la République. Les masques, les tests, aujourd’hui les vaccins… le gouvernement semble avoir scrupuleusement raté chaque étape de la lutte contre le virus. Mais plutôt que d’assumer ses erreurs pour en tirer des enseignements et progresser, comme nous l’apprenons à nos élèves, il s’est enferré dans le déni, voire le mensonge, en qualifiant ses errances de stratégie assumée. Le bilan est lourd, à la fois sur le plan humain, économique et social. Et tout retard pris l’alourdit encore.
Dans le domaine de l’Education, le ministre Blanquer s’est félicité jeudi dernier de voir que la France était un des pays à avoir maintenu le plus de jours d’école en 2020. Nous nous en réjouissons également car malgré les efforts des uns et des autres, tous les élèves et toutes les familles ne sont pas égales devant la « continuité pédagogique ». Le confinement de mars a creusé les inégalités à tous les niveaux et le refus du ministre d’en tenir compte, par des adaptations de programme et des moyens supplémentaires, complique au quotidien la tâche des enseignants pour les résorber. La FSU tient une fois encore à dénoncer le décalage entre le discours du ministre et la réalité. Il ne trompe personne dans la communauté éducative, ni parmi les personnels, ni parmi les parents ou les élèves.
Ce décalage apparaît encore à l’œuvre dans les dernières annonces du 14 janvier qui interdisent l’EPS en installation couverte, ce qui signifie presque, dans la période hivernale, suppression de cet enseignement. Après avoir déclaré le 07 janvier que tout était maitrisé, qu’il suffirait de bouger le curseur, le ministre suscite une nouvelle fois l’incompréhension et la colère, en sortant du chapeau une décision jamais évoquée auparavant, qui vient affaiblir de nouveau la crédibilité de la parole ministérielle.
Mais sans doute que l’enjeu pour le ministre n’est plus là puisqu’il a d’autres projets et d’autres ambitions. Si l’Education nationale fait face à la crise, c’est malgré son ministre et bien grâce à l’investissement des personnels à tous les niveaux. La FSU rappelle que les arbitrages différés, l’organisation à géométrie variable de l’enseignement « hybride » selon les établissements génère de la confusion et du stress pour les élèves et les familles et des inégalités entre établissements. Les écarts de traitement entre les réseaux public et privé confessionnel poussent parfois les parents à demander le retour en classe entière à l’heure où, au contraire, les scientifiques préconisent de tout faire pour limiter la circulation de la variante anglaise du virus.
En attendant, la rentrée se prépare avec un budget qui n’est pas à la hauteur des enjeux de la situation exceptionnelle dans laquelle nous sommes. La priorité au 1er degré, dont chacun mesure bien le caractère stratégique pour permettre aux élèves d’avoir des bases solides et irriguer ensuite les progrès de l’ensemble, présentera peut-être des effets à long terme. On peut se réjouir de voir le P/E augmenter dans les 4 départements, mais les besoins restent importants car l’évolution des publics et la gestion de l’hétérogénéité et des élèves à besoins éducatifs particuliers posent des difficultés croissantes. Dans le 2de degré, malgré l’affichage de moyens préservés (-80 ETP HP +80 ETP HS) et malgré l’augmentation prévue de près de 1000 élèves (+969) les collèges et les lycées perdent de manière nette 32,5 ETP. Le H/E diminue partout ! C’est une dégradation inacceptable à l’heure où les élèves ont plus que jamais besoin de soutien. La FSU revendique un plan d’urgence pour faire face à la situation.
La crise a montré l’importance de services publics présents partout sur le territoire, mais les différentes réformes en cours vont au contraire dans le sens d’un affaiblissement et d’une précarisation. Outre la loi Transformation de la Fonction Publique qui a supprimé le contrôle que les CAP exerçaient depuis 75 ans sur les opérations de carrière et dont nous examinons aujourd’hui la transcription avec les LDG, plusieurs projets suscitent des craintes. Ainsi, le projet de loi 4D, qui représente potentiellement une nouvelle étape de la décentralisation, menace la santé des élèves et leur réussite scolaire par le transfert de la santé scolaire à des départements en situation budgétaire compliquée, ou les adjoints gestionnaires placés sous l’autorité fonctionnelle des collectivités territoriales… en attendant demain le transfert de l’orientation scolaire à la région ?
De la même manière, alors que la formation initiale est un enjeu essentiel, la réforme des concours et des masters MEEF va conduire à compliquer l’année du concours, précariser les étudiants et rebasculer les stagiaires à temps plein, comme en 2010…
Et ce n’est pas la « prime d’attractivité » agitée par le ministre qui permettra d’améliorer les choses alors que la perte moyenne de pouvoir d’achat est de 275€ par mois depuis 10 ans, et que la « prime d’équipement » ne concernera ni les CPE ni les documentalistes…
Dès le 1er décembre, des personnels parmi les plus précaires, en première ligne dans la lutte contre le virus dans les couloirs et sur le temps de restauration, les AED, se sont massivement mis en grève pour revendiquer une amélioration de leurs conditions de travail, une meilleure rémunération, des recrutements… Ils sont encore nombreux en grève aujourd’hui. Leur rôle stratégique dans les établissements n’est pas assez reconnu.
Faute d’être entendus par un ministre qui s’enferme dans le déni, et face à un budget 2021 insuffisant, la FSU appelle, avec l’intersyndicale CGT, FO, SUD et SNALC à une journée de grève le mardi 26 janvier, pour les salaires, les postes et les conditions de travail.