13 novembre 2019

Actualité académique

Déclaration préalable unitaire au CTA du 12 novembre

Déclaration préalable unitaire au CTA du 12 novembre

CTA 12 novembre 2019 - Déclaration unitaire FSU, CGT, FO, SUD

Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs,

Le système individuel à points du projet de réforme de retraite constitue une régression majeure
pour l’ensemble des salarié-es et des fonctionnaires : il est totalement inacceptable et nos
organisations syndicales demandent le retrait du plan Macron/Delevoye. Il rend aléatoire le montant
des pensions et vise à repousser l’âge de départ à la retraite. L’âge pivot à 64 ans ou son alternative
sur la durée de cotisations entraîneront des décotes faramineuses ou un allongement éternel des
carrières. En outre, la suppression du Code des pensions, constitutif de nos statuts depuis la
Libération, signifie la fin de la prise en compte des 6 derniers mois de la carrière pour le calcul de la
pension soit les meilleurs salaires pour tout fonctionnaire.

Faire reposer le nouveau système sur l’ensemble des salaires diminuera mécaniquement toutes les
pensions. Dans l’Éducation nationale, les pertes seront d’autant plus grandes qu’elles ne seront pas
compensées par l’intégration des primes, très inégales voire inexistantes pour les enseignant-es et
les agent-es de catégories B et C. Les carrières souvent hachées pour les femmes, avec des
alternances de contrat ou de chômage pour les non-titulaires, aggraveront encore la situation.
En conséquence, nos organisations syndicales revendiquent le maintien du Code des pensions
civiles et militaires et le calcul de la pension sur les 6 derniers mois, ainsi que le maintien de tous
les régimes de retraite existants. Elles exigent également l’ouverture de véritables négociations
pour revaloriser les traitements indiciaires et améliorer les déroulements de carrière.

D’autres choix sont possibles, d’autres financements existent, une autre répartition des richesses et
du travail est nécessaire. Le maintien du salaire différé et des cotisations sociales est à défendre
alors que la CSG est un impôt -qu’un gouvernement affectera ou non au paiement des pensions et
aux autres dépenses de sécurité sociale- et que les exonérations de cotisations sociales patronales se
multiplient. Contenir à 14% des richesses du pays (PIB) les dépenses pour les retraites alors que la
part des plus de 65 ans passera des 20% de la population aujourd’hui à 27% en 2050 plongera les
retraités dans la pauvreté et la misère.

C’est une attaque sans précédent contre le système actuel des retraites par répartition à prestations
définies qui saborde tous les principes de solidarités, inter-générationnelles ou entre salarié-es. Car
encourager les recours individuels à l’assurance privée pour celles et ceux en capacité d’épargner,
c’est une fois de plus renvoyer les personnes à leur responsabilité individuelle en niant le contexte
social et économique, les inégalités et les déterminismes qui pèsent sur les parcours individuels.
Isoler les agents et détruire leurs droits collectifs sont bien aussi les principes qui sous-tendent la loi
Fonction publique. La fin programmée du paritarisme expose chaque collègue à sa hiérarchie sans
protection ni défense face aux risques de l’arbitraire ou de l’erreur administrative. C’est pourtant le
ressort du collectif et le travail en équipe pluriprofessionnelle qui sauvent nos professions tant le
quotidien est éprouvant, au point que des collègues y laissent leur santé et en viennent
dramatiquement à mettre fin à leurs jours comme notre collègue directrice d’école à Pantin.
Christine Renon a expliqué son geste par la dégradation des conditions de travail découlant de
l’avalanche de contre-réformes, par la perte du sens du métier sous le poids des injonctions. A cette
détresse et à cette souffrance unanimement partagées, le ministre a honteusement exhibé un taux
« tout à fait normal » de suicide dans nos métiers, 11 depuis la rentrée et 58 en 2018/2019, quand le
gouvernement, lui, étouffe la voix des CHSCT d’ici 2022.

Les organisations syndicales et de jeunesse (CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, UNEF)
appellent l’ensemble des salarié-es du secteur privé comme du secteur public, des retraité-es, des
privé-es d’emploi, des jeunes, à une 1re journée de grève interprofessionnelle le jeudi 5 décembre
contre le projet de réforme de retraites par points. Elles revendiquent le maintien du code des
pensions et de tous les régimes de retraite existants, un renforcement et une amélioration du système
actuel de retraites solidaire et intergénérationnel qui assure à toutes et tous à 60 ans un bon niveau
de remplacement des meilleurs salaires avec des possibilités de départ anticipé.

RATP, Hôpitaux, Finances publiques, agents EDF, pompiers, SNCF… L’émergence et la
construction de luttes dans les différents secteurs professionnels, montrent la nécessité d’apporter
des réponses aux salarié-es en termes d’emploi, de salaires, d’égalité entre les femmes et les
hommes, de conditions de travail...

Autant de sujets qui sont étroitement liés aux questions de la retraite et que l’actuel projet de
réforme gouvernemental aggravera. Nos organisations appellent les personnels à faire du 5
décembre une journée de grève massive et à décider collectivement des suites à donner, en
envisageant la poursuite de la grève avec l’ensemble des personnels lors d’assemblées générales
pour construire le rapport de force nécessaire jusqu’au retrait du projet Macron/Delevoye.