Martine Derrien, secrétaire départementale du SNUIPP-FSU du Morbihan et élue FSU au CTA, nous livre la lecture du premier degré sur l’école du socle.
En quoi l’initiative de la rectrice et plus encore l’amendement adopté dans le cadre de la loi sur l’École de la confiance menacent-ils l’organisation actuelle des écoles ?
L’école du socle s’inscrit dans le paysage sous le nom « d’établissements des savoirs fondamentaux » avec comme corollaire le rapprochement voire la fusion des écoles avec les collèges. Les risques sont nombreux : une réorganisation territoriale des écoles qui conduirait à la fermeture d’écoles de proximité, rurales ou urbaines pour obtenir de grosses structures éloignées des usagers de l’école et la fin de l’école maternelle en tant que structure qui tend déjà à disparaître du fait de fusions actuelles. La mise en place de tels établissements instaure la création d’un rapport hiérarchique au sein de l’école soit sous la direction du principal du collège, soit sous celle d’un directeur avec statut hiérarchique et la fin des prérogatives décisionnelles du conseil des maîtres. Elle mettrait un terme au lien privilégié que l’école entretient avec les familles notamment dans une relation de proximité et une accessibilité immédiate du directeur d’école pour répondre à leurs questions.
En quoi cette nouvelle organisation pourrait-elle impacter le métier même d’enseignant du premier degré ?
L’initiative de la rectrice s’inscrit dans un contexte qui vient d’ailleurs de se concrétiser dans l’amendement de La République en Marche adopté. Dans un autre contexte, on pourrait y voir une énième mesure pour construire un lien école-collège qui peine à fonctionner ; en même temps, que de donner l’illusion que la formation continue, qui n’existe plus, pourrait se faire dans la proximité, entre pairs sur la seule base d’une simple mutualisation des compétences dans le cadre d’un projet défini localement. On sait que cela ne peut pas fonctionner parce que cela ne répond ni à la demande des enseignants du 1er degré, ni à celle du 2d degré.
Pour les professeur-es des écoles, la défiance qui s’installerait entre le supérieur hiérarchique et les enseignants induirait la fin du travail en équipe. A terme, cela risquerait aussi de remettre partiellement en cause la polyvalence des enseignants, au moins pour le cycle 3, sur le modèle second degré. Au-delà, c’est aussi l’avenir des apprentissages autres que fondamentaux qui est en jeu soit réduits au maximum, soit délégués à des intervenants non enseignants.
Propos recueillis par Frédérique Lalys