La réforme du « choc des savoirs » et les groupes de niveau ont suscité une profonde indignation ainsi que le rejet de la profession.
Exemple au collège Pierre Brossolette à Bruz (35) où l’équipe enseignante est fermement opposée à la réforme du « choc des savoirs : 3 questions à Isabelle et Gaëlle enseignantes en lettres

Pourquoi est-ce que vous vous mobilisez au collège de Bruz contre cette mesure ?
En tant que professionnels de l’Éducation Nationale, nous pensons que cette réforme ne fera qu’accroître les injustices sociales et les écarts de réussite scolaire. Elle risque de marginaliser certains élèves, compromettre la cohésion de classe et détériorer le climat scolaire. Les conditions d’apprentissage des élèves et de travail pour les enseignantes pourraient être nettement dégradées avec cette réforme.

Quelles conséquences est-ce que cela risque d’avoir dans l’établissement ?
L’heure de soutien mise en place cette année disparaîtra, les élèves auront donc 25 heures au lieu des 26 actuelles. Pour organiser les groupes de niveaux, des heures consacrées aux options disparaîtront , ainsi que les dédoublements en sciences (SVT, physique-chimie, technologie) et en langues vivantes. Cela impactera de façon négative les enseignements pour tous les élèves du collège, de la Sixième à la Troisième. L’alignement des classes, le rythme imposé par des manuels labellisés, les évaluations communes et l’enjeu du DNB, ainsi que l’éclatement des classes exerceront des contraintes et une pression accrues sur les enseignantes. La charge de travail des collègues de français et de mathématiques sera considérablement alourdie, avec l’obligation de mettre en place une progression commune sans heure de concertation prévue dans l’emploi du temps. De plus, la qualité du suivi et de la relation avec les élèves s’en trouvera diminuée. Les enseignantes deviendront interchangeables devant des élèves permutables. Cette réforme nous prive de la richesse de notre métier : la liberté pédagogique et les liens que nous tissons avec nos élèves.

Quelles actions avez-vous entreprises ?
Nous avons commencé par inviter les parents au collège lors d’une soirée de grève afin d’expliquer les raisons de notre mouvement et d’échanger avec eux sur la réforme. Ce dialogue s’est avéré essentiel. Nous avons également rencontré le député Frédéric Mathieu et présenté des motions lors du Conseil d’Administration. Avec les parents d’élèves, nous avons organisé une semaine d’actions au collège. Elle comprenait deux jours de « collège vide » (avec plus de 90 % d’élèves absents) et deux jours de grève alternée, très suivie, pour les enseignantes, en présence d’élus locaux et des médias. A l’instar d’une dizaine d’autres collèges d’Ille-et Vilaine, nous avons occupé les locaux du collège lors d’une soirée. Des parents sont même restés dormir au collège. Cette semaine, une nouvelle Heure d’Information Syndicale aura lieu afin de préparer le Conseil d’Administration. Nous avons également prévu d’écrire à nos IPR et en parallèle nous continuons la distribution de tracts sur la voie publique. Les parents sont très engagés dans notre établissement et nous apportent leur soutien. Leur détermination et leurs propositions renforcent notre mobilisation conjointe.
Ensemble, nous sommes plus forts !

Isabelle Camuzet, Gaëlle Poulain
Propos recueillis par Joël Mariteau