A l’heure de la reprise en présentiel lundi 3 mai, en plus du contexte sanitaire à appréhender, les enseignants devront faire face à l’organisation de cette fin d’année, entre la perspective des épreuves d’examens, l’orientation des élèves, quand ne vient pas se rajouter un rendez-vous de carrière ou l’incongruité d’une procédure d’autoévaluation de l’établissement !!!
Au collège en troisième, l’évaluation PIX est devenue facultative. Ne nous laissons pas imposer des modalités de passation sous prétexte que, localement, l’administration tiendrait malgré tout à faire évaluer les élèves.
L’évaluation de langue n’est plus à l’ordre du jour non plus.
Mais notre ministre nous a annoncé le maintien des épreuves du DNB sans autre précision !
N’oublions pas que depuis fin octobre, certains collèges d’Ille et Vilaine ont connu un enseignement en demi-effectifs sur les niveaux 4e/3e afin d’appliquer le plus correctement possible le protocole sanitaire. Les collègues n’ont parfois pas été en mesure de proposer à leurs élèves un brevet blanc ou une évaluation au format des épreuves d’examens. Ils ont dû adapter leur enseignement du fait de l’année scolaire tronquée en 2019/20.
Pour autant, malgré les deux nouvelles semaines d’enseignement à distance, malgré les demandes réitérées du SNES-FSU auprès du ministère tout au long de l’année et encore lors de la réunion du 22 avril dernier, aucune adaptation des programmes n’a été accordée, aucune adaptation des épreuves du DNB n’est annoncée !
L’épreuve orale est, elle aussi, maintenue ! Sa préparation ne peut être que chaotique quand des élèves voulant présenter leur "parcours avenir" n’ont pas pu faire de stage par exemple, quand les contraintes sanitaires ont compliqué les choses, quand l’incertitude règne sur la fermeture de classes à venir (déjà des classes de primaires fermées dans le département cette semaine en raison de cas COVID parmi les élèves).
Comment accompagner au mieux les élèves ? Comment les préparer à l’entrée en seconde de la manière la plus sereine ? Comment leur épargner le stress des examens alors que les collègues eux-mêmes ne voient plus comment gérer les priorités ?
Le SNES-FSU continue de dénoncer le déni de réalité de notre ministre. Cette rupture d’égalité face au DNB n’est pas acceptable !
Au lycée, concernant le bac, règne la même obstination de Jean-Michel Blanquer pour maintenir le Grand Oral ! Lors de la réunion du 22 avril, aucune réponse non plus au sujet de l’épreuve anticipée de français ni de l’épreuve de philosophie. Les élèves de nombreux établissements sont en enseignement hybride depuis novembre. Des épreuves blanches n’ont pu être mises en place en l’absence de classes entières ou ont dû être annulées en raison du dernier confinement et des vacances anticipées. Comment maintenir des épreuves au bac alors que cela fait un an que l’enseignement est tronqué pour ces élèves ? La rupture d’équité est réelle et génère des angoisses chez des élèves qui ont un sentiment d’impréparation.
Certes, les textes réglementaires laissent au ministre la possibilité de prendre une décision jusqu’à 15 jours avant le début des épreuves mais il est inacceptable et insupportable d’attendre début juin pour que des décisions soient prises !
Côté orientation des élèves, rien de plus rassurant : au lycée, Parcoursup et sa logique de tri sont à l’œuvre.
Le SNES-FSU l’a dénoncé dès le début : Parcoursup organise la concurrence entre les candidats au travers notamment du regard porté sur l’ établissement d’origine qui peut intervenir dans les critères de classement des élèves.
Cette année, à la faveur de la crise sanitaire et en raison de la gestion déplorable de la part du ministère qui n’a pas imposé de cadrage national des protocoles, un cran supplémentaire vers l’abject a été franchi. En effet, certains établissements, en particulier des établissements privés, ont entendu tirer profit de leur refus d’alléger les effectifs de leurs classes. Ainsi la mention d’« un suivi des cours en présentiel à 100% » est mis en avant sur certains dossiers.
Le SNES-FSU a immédiatement réagi et demandé au ministère de l’enseignement supérieur d’intervenir officiellement pour condamner cette mention et interdire sa prise en compte comme critère de classement dans le tri des dossiers de candidatures.
Communiqué de presse
D’autres questions se posent : quels impacts sur les affectations post-bac auront les choix des spécialités des élèves dans le cadre de la réforme des lycées, les doublements de première année en enseignement supérieur dans le contexte actuel, les réorientations en fin de première année dans l’enseignement supérieur, l’effectif particulièrement important en Ille-et-Vilaine de la cohorte née en 2003 ?
En définitive c’est de la visibilité dont ont besoin les collègues en cette fin d’année scolaire ! Il est urgent que notre ministre prenne la mesure de la réalité sur le terrain, qu’il agisse en conséquence pour apporter la sérénité nécessaire à cette fin d’année et s’engage dans la construction d’une rentrée 2021 avec des moyens à la hauteur des enjeux.