Fausses idées... Encore

Le gouvernement, comme ses prédécesseurs, revient à la charge contre la fonction publique, trop nombreuse, trop coûteuse, peu efficace.
Il y aurait en France trop de fonctionnaires par comparaison avec les autres pays développés : soit 88,5 emplois de fonctionnaires pour 1000 habitants (= taux d’administration), ce qui est d’ailleurs inférieur au taux relevé au Canada et dans les pays scandinaves.

En réalité, si l’on veut la véritable mesure du poids de l’administration, il faut tenir compte de l’ensemble des emplois des services administrés (soit fonctionnaires + contractuels + emplois de contrats privés financés par les pouvoirs publics). Alors les données sont autres : la France a ainsi un taux de 123 pour mille habitants, comparable à celui du Royaume-Uni ou de la Belgique et en-deçà de ceux de l’Allemagne, des Etats-Unis (135%o) et des pays scandinaves. Car la France a choisi après la 2° Guerre mondiale de faire assurer les missions de service public par des agents fonctionnaires, là où beaucoup d’Etats utilisent des personnels de droit privé ou externalisent les missions. Pour autant ces dépenses sont bien assurées par les pouvoirs publics de la même manière qu’en France et par des salariés tout aussi nombreux qu’en France.
Ainsi de l’éducation : en France le nombre d’enseignants fonctionnaires est plus élevé qu’ailleurs, mais si on compare les emplois publics et privés directement ou indirectement financés par la puissance publique, on a un nombre de 30 emplois (enseignants et administratifs) pour 1000 habitants, comparable à l’Allemagne, très inférieurs au Royaume-Uni (40%0) et aux Etats-Unis (49%o). Comme il faut aussi tenir compte de la démographie, il y a en France 13 emplois pour 100 élèves/étudiants contre 15 en Allemagne et 20 aux Etats-Unis.

Rapporté au PIB, si la France est dans la partie haute pour les dépenses publiques, c’est qu’elle a fait le choix d’assurer par l’intermédiaire de l’Etat un ensemble de fonctions (défense, santé, enseignement) que d’autres n’assurent pas ou en partie, ou délèguent au secteur privé et à la responsabilité des foyers. De même, et notamment depuis la crise, la France a augmenté plus fortement qu’ailleurs, les aides et prestations sociales (35% du PIB contre 28% en Allemagne). Faut-il se plaindre que la société française ait mieux protégé les plus fragiles, limité les conséquences sociales de la crise et les inégalités ?

Pour autant, notre modèle est menacé, les attaques contre les services publics et contre les fonctionnaires et agents de l’Etat redoublent. Nous devons nous battre, non seulement pour sauvegarder notre modèle social, mais surtout pour l’améliorer encore.