30 septembre 2020

Sections départementales

Formation Grand Oral, de qui se moque-t-on ?

Bilan de la formation
Le 24 septembre dernier s’est tenue une formation portant sur le Grand Oral. Si les collègues espéraient des réponses aux questions qu’ils pouvaient légitimement se poser, ils ont été bien déçus. Etant systématiquement renvoyés aux fiches Eduscol et à la note de service du 13 février 2020 fixant le cadrage général de l’épreuve, les collègues sont restés sur leur faim, les IPR se contentant pour toute réponse d’un laconique « des informations arriveront plus tard dans l’année ». A 9 mois de l’examen, on peut donc une fois de plus s’inquiéter sérieusement de l’impréparation totale de cette réforme. Alors qu’en défi de toute logique, les élèves et les collègues examinateurs sont tenus eux d’être prêts le jour J ! Les élèves peuvent être interrogés sur le programme de spécialité de Première comme sur celui de Terminale : la période du confinement n’est absolument pas prise en considération ! De leur côté, les examinateurs seront mis au courant de l’intitulé des sujets le jour de l’examen, ce qui empêche toute préparation sérieuse et qui implique de se retrouver devant des sujets qu’ils ne maîtrisent absolument pas.

Les questions portant sur l’épreuve écrite de spécialité Terminale sont elles aussi restées lettre morte ce qui, à 6 mois de l’examen, n’est pas sans générer stress et angoisse chez les collègues comme chez les élèves. Quand aurons-nous des sujets zéro ? Les élèves auront-ils le choix entre deux sujets le jour J ? Du temps sera-t-il dégagé pour corriger les épreuves ou devrons-nous gentiment faire cours et bûcher jour et nuit pour rendre les notes à temps ? Serons-nous rémunérés aussi bien pour la correction des épreuves écrites que pour la tenue des oraux ? Autant de questions sans réponse. La seule réponse apportée lors de cette formation l’a été sur la question des moyens alloués pour la préparation du Grand Oral. Réponse : aucun. Notez qu’on s’en serait douté !

D’autres formations Grand Oral ont été annoncées. Nous pouvons craindre qu’elles nous laissent tout autant que les précédentes dans l’incertitude. Aussi, nous vous proposons ci-dessous un texte à lire lors de la tenue des formations futures. Nous avons l’habitude que les remontées de terrain ne soient pas entendues, à nous d’agir pour témoigner notre ras-le-bol.

Proposition de prise de parole lors d’une future formation Grand Oral
Nous sommes profondément attachés au devenir et à la formation de nos élèves, nous ne pouvons donc que déplorer l’actuelle réforme qui s’applique à marche forcée.

A 9 mois de l’examen du Grand Oral, il est hallucinant de constater que les questions posées depuis l’annonce de la réforme restent toujours sans réponse. A part nous livrer les grilles d’évaluation et les conditions du déroulé de l’oral, le ministère reste sourd à nos demandes. On nous impose une réforme mal préparée ce qui occasionne souffrance et angoisse chez les professeurs comme chez les élèves. Or, ce n’est pas vous qui avez les élèves face à vous qui vous demandent des précisions sur l’examen sans que vous puissiez leur apporter de réponse, ce n’est pas vous qui portez le stress de la réussite de vos élèves sans que vous ne sachiez vraiment où vous les menez. Le ministère, une fois de plus, maltraite ses personnels et les élèves.

Ainsi, voici les points sur lesquels nous voulons des éclaircissements. On ne peut que s’interroger sur l’intérêt pour le candidat de s’exprimer debout sans notes. Il est évident qu’il sera amené à réciter un discours écrit et appris par cœur. Parler d’évaluer donc la qualité de l’argumentation est une ineptie. Seuls 2 des 5 items prévus dans la grille portent sur les connaissances et l’argumentation, les autres portant sur la qualité orale, la prise de parole en continu et l’interaction. Est-ce à dire qu’il s’agit donc juste d’une évaluation de pure rhétorique et comportementale ? En effet, le plus important ne semble pas être de l’ordre des apprentissages mais de faire bonne impression. Finalement, peu importe ce que le candidat aura étudié dans ses cours de spécialité, l’important, c’est la manière. Est-ce à dire que, sans moyens supplémentaires alloués, nous allons contribuer à creuser les inégalités sociales en présentant des candidats dont la famille a su pallier les manques du système et des candidats socialement défavorisés livrés à eux-mêmes ? Le rôle de l’école n’est-il justement pas de réduire ces inégalités sociales, présentes dès la maternelle, en allouant des moyens spécifiques ? On nous demande de faire des TPE mais sans nous en donner les moyens. Nous demandons donc des moyens humains et matériels pour préparer nos élèves. Il nous est impossible de dégager du temps sur nos heures de spécialité du fait des programmes surchargés. Nous nous étonnons aussi que le ministère ne réponde pas de manière positive à la demande d’allègement des programmes du fait du confinement ni ne considère qu’il serait opportun de ne pas interroger les élèves sur le programme de Première.

Par ailleurs, alors que la réforme du lycée devait permettre d’alléger la tenue des examens, on ne peut que s’interroger sur la lourdeur occasionnée par l’organisation du Grand Oral. Enfin, qu’en est-il du paiement de ces oraux pour les examinateurs ? Nous tenons à faire remonter qu’à partir du mois de mars, nous serons en correction permanente. En mars, nous devons corriger les épreuves écrites de spécialité pour les élèves de Terminale (Quelle rémunération ? Du temps sera-t-il dégagé pour corriger ces copies ?), en mai, les épreuves de spécialité pour ceux qui abandonnent la spécialité à la fin de la Première, en juin, nous serons sollicités pour les épreuves du Grand Oral, sans oublier les épreuves d’EC du tronc commun, ni les évaluations pour nos autres classes… Nous nous transformons donc en machine à corriger, le tout sans rémunération prévue et sans décharge de cours.

En cette nouvelle journée de formation, nous ne saurons nous contenter de la lecture des textes déjà parus. Nous attendons de réelles réponses à nos attentes.