A quelques semaines de la tenue de l’épreuve du Grand Oral, maintenue vaille que vaille par Jean-Michel Blanquer, les informations quant à son organisation commencent à tomber, au compte goutte.

Dans certains établissements, à l’occasion de conseils pédagogiques ou de réunions diverses, on commence à entrevoir l’organisation de cette épreuve, tant voulue par le ministre.

Ainsi, nous avons notamment eu des précisions quant à la composition des jurys. Pour reprendre les termes du rectorat, le jury se composera d’un « professeur de spécialité pivot » et d’un professeur « compétent dans la spécialité ». Je m’explique ici parce que nous, au départ, dans mon lycée, on n’a pas tout compris ! Par exemple, le jury pourra être composé d’un professeur d’HGGSP (« professeur de spécialité pivot ») et d’un professeur disons de Sciences Physiques (professeur « compétent dans la spécialité »). Lorsque le candidat se présentera devant ce jury avec les deux sujets qu’il aura, contre vents et marées, préparés le plus sérieusement possible, le professeur d’HGGSP choisira entre les deux sujets et lui seul, jugera le contenu de l’épreuve : c’est le rôle du « professeur de spécialité pivot ». Que fait donc le deuxième membre du jury me direz-vous ? Eh bien, il évalue les qualités oratoires de l’élève ainsi que sa prestance. Cela pose problème pour de multiples raisons :

 Cela valide ce que nous dénonçons depuis que cette épreuve du Grand Oral a été instituée. Il s’agit bien d’une épreuve où le critère principal n’est pas le contenu mais la prestation du candidat. Or, à aucun moment dans leurs études supérieures, nos élèves ne vont être jugés sur la qualité de leur prestation : ils seront évalué sur le contenu uniquement. Cette épreuve est donc totalement déconnectée des attendus des formations post-bac. Et pourtant, le ministre souhaite que nous y consacrions tout le temps qu’il nous reste avec les élèves...

 Le choix laissé entre deux sujets n’en est pas vraiment un. En effet, le « professeur de spécialité pivot » va forcément choisir le sujet en rapport avec sa spécialité. Les élèves auront vite fait de comprendre qu’à tel jury correspond telles spécialités. Certains élèves auront donc davantage le temps de peaufiner un sujet plutôt que l’autre (rappelons que les épreuves se déroulent entre le 21 juin et le 2 juillet).

 Que se passe-t-il si le candidat propose deux sujets croisant ses deux spécialités ? Que fait notre « professeur de spécialité pivot » d’HGGSP que nous avons pris en exemple ? Devra-t-il juger du contenu de l’autre spécialité, qui, rappelons-le n’est pas représentée dans le jury ? Le rectorat n’a visiblement pas envisagé cette éventualité puisque notre chef d’établissement n’avait pas de réponse à nous apporter. Et pourtant, nombreux sont les élèves qui ont choisi de croiser leurs deux spécialités dans leurs deux sujets...

 En outre, rappelons que le « professeur de spécialité pivot » découvrira l’intitulé des sujets le jour même. Celui-ci devra être furieusement au point sur n’importe quel sujet possible et imaginable, pour être en mesure de mener seul les 10 minutes d’entretien suivant l’oral de 5 minutes.

 Enfin, cela revient à évincer totalement les professeurs documentalistes comme membres potentiels du jury ce qui était pourtant envisagé au départ. On voit mal comment ils peuvent s’inscrire comme « professeur de spécialité pivot » ou comme professeur « compétent dans la spécialité ». Et pourtant, nous sommes nombreux à nous appuyer sur leur expertise pour guider nos élèves dans leurs recherches.

Mais haut les coeurs, nul doute que nous trouverons nos réponses lors de la formation Grand Oral dispensée le 27 mai intitulée « Développer les compétences d’expression orale » et devant nous éclairer sur les enjeux de l’épreuve...

Le SNES-FSU continue de se battre et de réclamer la suppression du Grand Oral. En effet, les inégalités sont criantes dans la préparation des élèves entre ceux qui ont suivi les cours à 100% en présentiel et les autres.