Face à la crise sanitaire, on constate que les pays qui limitent le mieux les conséquences dramatiques sont ceux qui ont sauvegardé leur système de santé (maintien d’une forte proportion de lits d’hôpitaux et de places en service d’urgence) et leur potentiel industriel comme l’Allemagne, la Corée, le Japon ou Taïwan. Tous les pays auxquels on a imposé austérité et déprise des services publics sont au contraire dans une situation dramatique : Italie, Espagne, Grèce, Grande-Bretagne ou France...
Le Président de la république, après quelques phrases de repentir et promesses de tout changer est bien vite revenu aux seules préoccupations économiques et à la priorité aux entreprises. Aucune mesure forte n’est annoncée, aucun changement de la politique de santé ne point à l’horizon : mieux l’ARS du Grand Est annonce sans vergogne la suppression de 174 lits et 598 postes au CHU de Nancy (face au scandale, le ministre de la santé a dû faire savoir que « les plans de réorganisation sont suspendus » dans l’attente de la grande consultation à venir).
Lundi matin sur France Inter, Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, proche de LREM, a le culot d’affirmer qu’il faut « sortir des dogmes ». « Je pense que tous ceux qui ont vécu de très près cette épidémie et qui la vivent sont immunisés contre le dogme. Ceux qui sont un peu plus loin ne sont pas forcément immunisés ». Ainsi donc, les soignants qui réclament plus de moyens pour l’hôpital, les patients qui veulent un système de santé à la hauteur des besoins sont dogmatiques. Fermer des hôpitaux, supprimer des postes au nom du principe néolibéral du « moins d’Etat » ce n’est pas dogmatique ?
Au-delà de la gestion erratique de la crise, la responsabilité est antérieure, dans les choix faits depuis plusieurs années (et par tous les gouvernements successifs) de vouloir imposer à l’hôpital des pratiques de gestion d’entreprise privée : recherche d’économie à tout prix, financement à l’acte (T2A), pressuration des personnels et mépris des personnels soignants, hiérarchie exclusive au profit des directions administratives, etc.
La responsabilité est aussi dans le refus de clairement annoncer les bouleversements nécessaires à mettre en oeuvre dès la sortie de crise, le manque d’ambition et de clairvoyance dans l’analyse du système capitaliste mondialisé. Les ministres Lemaire, Darmanin, Pénicaud poursuivent leur illusoire volonté de maintenir la France au travail, dans nombreux secteurs, au mépris de la santé des salariés.
Pourtant de nombreux scientifiques, chercheurs, penseurs ont publié analyses, réflexions, propositions, exhortations : ils ont mis en évidence la nécessité absolue de transformer nos sociétés en profondeur. Nombre de ces textes et interventions peuvent être consultés sur le web, nous vous en proposant quelques uns
Le professeur de médecine André Grimaldi dénonce depuis longtemps les politiques de santé, à lire l’article du Monde Diplomatique d’avril : ici ou en pièce jointe
ou dans l’entretien : ici
Voir aussi le texte de Gérard Chaouat, chercheur INSERM, militant SNCS-FSU (synd. chercheurs et scientifiques) :
Le site « Notre santé n’est pas à vendre » : http://europe-health-network.net/?lang=fr
Le site RogueESR, collectif de chercheurs en lutte contre la politique de réduction des budgets Universités et Recherche : http://rogueesr.fr/retrouver-prise/