Les nouvelles procédures destinées à remplacer APB ne sont pas encore clairement établies. On sait qu’elles vont viser à transposer la responsabilité des opérations d’inscription et d’une sélection à venir sur les enseignants de lycée.
Pour le gouvernement, il s’agit surtout :
De gérer et maîtriser les flux, faire face à l’arrivée massive de la génération de l’an 2000 tout en limitant les coûts : déjà le budget des universités ne suffit plus à faire face à la croissance des effectifs, les locaux sont souvent vétustes et insuffisants, le nombre d’enseignants-chercheurs devient très insuffisant, les étudiants se plaignent d’un accueil mal organisé faute de personnels administratifs.
Par une réflexion discrète qui se fait au sein des cabinets ministériels d’envisager une forte hausse des droits d’inscription, quitte à développer la pratique des prêts étudiants,
De responsabiliser les individus, car c’est aux bacheliers de faire les bons choix, choisir leur parcours, encadrés par les professeurs chargés de trier les dossiers et par les universités qui fixent les attendus,
De mettre ainsi en place une sélection, qui organisée au niveau du lycée, passera sans doute plus inaperçue et anodine et suscitera beaucoup moins de réactions étudiantes (la hantise des gouvernements).
Mettre ainsi dans des cases chaque lycéen de terminale, au bout de son parcours individualisé, qui ne pourra s’en prendre qu’à lui-même s’il échoue ensuite dans l’enseignement supérieur. Faire en sorte qu’il n’y ait pas d’étudiants flottants, décrocheurs, passant d’une filière à une autre.
Mais en quoi les parcours sinueux seraient-ils signes d’échec ? Si de nombreux étudiants échouent en 1re année, ou bifurquent, les statistiques montrent qu’ils aboutissent le plus souvent à l’obtention d’un diplôme ou d’un concours. On sait aussi que les échecs et abandons en CPGE, malgré la sélection, sont aussi nombreux qu’en université, pour autant on ne remet pas en cause cette voie de formation, pas plus que les IUT et STS (cf Sophie Orange, Alternatives Economiques, 24.11.2017).
Dans la réalité la première cause d’échec des étudiants c’est le manque de moyens financiers qui obligent un grand nombre d’entre eux à travailler pour payer leurs études, bien sûr au détriment de leur réussite. Là encore la réponse de nos élites, c’est la financiarisation des études par les prêts bancaires. Ce n’est pas la réponse que nous attendons au SNES-FSU. Nous devons nous mobiliser pour que la jeunesse de notre pays ait un accès prioritaire à des formations supérieures en lien avec les besoins de la société de demain.
Réserver ces formations à une élite minoritaire, reléguer la majorité dans des métiers sous-qualifiés et précaires, ce n’est pas la solution que nous voulons.