L’ampleur des ravages dans la bande de Gaza enfin saute aux yeux, ainsi pour la première fois le 12 décembre une équipe reportage de CNN a pu enquêter ’’not embedded’’ dans Gaza et montrer la réalité des horreurs commises par Tsahal. Des experts militaires estiment début décembre à au moins 30000 le nombre de morts sous les bombardements et trois fois plus de blessés, les dégâts matériels sont considérables (60% des habitations détruites ou endommagées). Les voix palestiniennes comme celle d’Elias Sanbar commencent à être entendues.

Question ? Est-il légitime et rationnel de la part d’un Etat structuré et d’un gouvernement élu de répondre à l’horreur des crimes terroristes du 7 octobre par d’autres crimes d’une telle ampleur ? Ceci en négation du droit international et des règles établies de la guerre. Or le droit international et le droit humanitaire définissent de manière très détaillée et juridique les notions de crime de guerre, crime contre l’humanité, crime de génocide, en déterminant en quels actes ils consistent et établissant leur nature intentionnelle.

A ce jour on peut documenter la probabilité que de tels crimes soient commis par l’armée israélienne dans ses opérations à Gaza. Ce à quoi s’emploient les organisations internationales, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, l’UNRWA (Office de secours pour les réfugiés de Palestine), l’OMS, le CICR (Croix Rouge), des juristes du droit international comme l’ex-procureur de la CPI (Cour pénale internationale), des ONG humanitaires présentes sur le terrain, MSF, MDM (Médecins du Monde), Amnesty Int. et d’autres... Il reviendra à la CPI d’instruire le dossier malgré la difficulté due au refus par Israël de ratifier le Statut de Rome (le traité qui a créé la CPI).

Le cas le plus crucial est celui de la constitution du crime de génocide. Celui-ci s’entend lorsqu’une série d’actes ou l’un de ces actes est commis dans l’intention affirmée de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Un collectif d’avocats et d’ONG internationaux ont déposé plainte auprès de la CPI, arguant de faits constitutifs de génocide :

  • Les nombreuses déclarations de membres du gouvernement israélien visant à déshumaniser la population palestinienne justifiant les violences perpétrées contre elle (cf Yoav Galant à propos des ’’animaux humains’’).
  • Les bombardements assumés de populations civiles (camp de Jabaliya, hôpitaux, écoles, lieux de culte...)
  • L’approvisionnement rendu impossible en médicaments, nourriture, eau potable, électricité, carburant, nombre d’obstacles mis à l’encontre des organisations humanitaires dont certains membres ont été visés et tués, ce qui rend probable une catastrophe humanitaire ; des responsables israéliens déclarant que la crise humanitaire à Gaza est une nécessité.
  • Dès le 13 octobre le ministère du renseignement établissait 3 scénarios pour Gaza : - le confinement de la population sous autorité palestinienne, - le confinement sous contrôle israélien, - le transfert forcé vers le désert égyptien du Sinaï (où on – mais qui ? - reconstruirait la ville...). Cette dernière option a la préférence des dirigeants israéliens au mépris de la position de l’Egypte.
  • Les exactions se poursuivent et s’amplifient en Cisjordanie à l’appel de dirigeants politiques et de colons, sans qu’elles soient sanctionnées en justice, alors même que l’armée y participe : meurtres, expulsions de domiciles et de terres agricoles, créations de nouvelles colonies et enclaves israéliennes à Jérusalem et en Cisjordanie.

Dans Gaza détruite, l’armée israélienne lutte contre des fantômes, il apparaît qu’il n’y a plus de combattants armés en face, ce sont les populations civiles qui paient par centaines chaque jour les bombardements et les tirs israéliens. Les combats doivent cesser !

La FSU appelle aux rassemblements et manifestations pour exiger le cessez le feu et des négociations pour une paix juste.

*Prochaine manifestation, samedi 23 décembre, 15H, dalle du Colombier.