La re-création du service national est un dada du président de la république. Le 4 mars vient d’ouvrir la phase test par un appel à volontaires (2 à 3000 jeunes dans 13 départements pilotes dont le Morbihan, pour une mise en oeuvre en juin 2019). 50% de la génération seront concernés dès 2022 puis mise en place complète en 2026 (entre 800 et 900 000 jeunes par an). Il sera alors obligatoire et nécessaire par exemple pour l’obtention des examens nationaux. A priori, c’est le Ministère de l’Education nationale qui sera chargé de sa gestion — l’armée ayant décliné la responsabilité.

Le SNU s’organise en 3 périodes :
1- une phase obligatoire de 15 jours de « temps de cohésion » en « brigade », hors de sa région d’origine, pendant l’année de seconde.
2- une phase (obligatoire aussi, dissociée de la précédente, toujours l’année de seconde) de 15 jours, consacrée à un projet collectif d’intérêt général.
3- un engagement facultatif de 3 à 6 mois opéré entre 16 et 25 ans sur une mission d’intérêt général.

Les finalités : mixité sociale et géographique, culture de l’engagement et formation civique. Des objectifs que le système scolaire peut parfaitement assumer pour peu qu’on lui en donne les moyens. Lorsque la secrétaire d’Etat Geneviève Darrieussecq énonce la nécessité d’assurer la mixité sociale parce que la carte scolaire ne le permet pas (sic), on ne peut qu’être étonné que nos demandes répétées de réforme de la dite carte scolaire et d’égalité de traitement entre tous les établissements ne se soient jamais entendues...

Le financement :
+/- 1,5 Md € par an qui sera probablement imputé au budget de l’Education nationale (dès cette année 190 M. € sont réservés à cet effet). Interrogée, la secrétaire d’Etat répond de façon évasive et gênée...

Quels encadrants : là encore réponse incertaine, qui ? avec quelle formation ? Quelle responsabilité civile et pénale ? l’armée s’y refuse, les enseignants n’en voudront sûrement pas... On voit se profiler le recrutement de contractuels embauchés quelques semaines dans l’année à des conditions précaires.

L’organisation matérielle et l’hébergement : le gouvernement parle de gérer chaque promotion par cohortes de 80 000, les regroupements ayant lieu durant l’année scolaire de seconde (classe sans examen), peut-être durant les vacances scolaires, mais pas totalement, dans les internats (que fait-on alors des élèves internes ?) ou dans d’autres locaux sans plus de précisons.

Rappel pour conclure : la plupart des organisations de jeunesse et syndicats lycéens et étudiants ont condamné le principe de ce service national alors qu’existe un service civique volontaire qui les satisfait dans son fonctionnement actuel, quitte à le développer et l’élargir.
Que dire des milliards dépensés dans une opération lourde et vaine qui auraient meilleur usage à être consacrés au système éducatif et à la revalorisation des enseignants et personnels.