L’IGESR (Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche qui s’est substituée à l’IGEN au 1er octobre 2019) vient de rédiger une note à l’intention du Comité de suivi de la réforme du lycée. Cette note, résultat d’une enquête sur le terrain dans plusieurs établissements, est particulièrement sévère à l’encontre de l’organisation des enseignements en lycées et de l’évaluation en vue du bac, notamment les E3C.

Parmi les aspects critiques, les IG soulignent que le choix des enseignements de spécialité reste très genré ’’parfois jusqu’à la caricature’’, que l’organisation des enseignements entraîne la survalorisation des ensts de spécialité aux dépens du tronc commun. Cela conduirait à ’’des exigences démesurées’’ (couplées à la difficulté des programmes de spécialité) et ’’des évaluations élitistes’’, provoquant le risque d’une ’’dynamique négative’’ qui détourne peu à peu les élèves des enseignements notamment scientifiques (surtout les filles).

Le rapport note le risque du manque de financement des options en terminale, du fait d’effectifs probablement élevés en ’’maths complémentaires’’ (option prise par les élèves qui abandonneront la spécialité ’’maths’’) et ’’maths expertes’’ (option prise en supplément par les élèves qui garderont la spécialité). Cela va entraîner, selon les IG, une tension sur la carte des options proposées au détriment des options ’’Arts’’, LV3, LV anciennes... et donc affaiblir l’offre éducative et renforcer le tropisme élitiste que l’on voulait combattre en supprimant les filières !

Enfin, l’analyse des E3C (3 sessions en février, avril, et décembre prochain qui comptent pour 30% de la note du bac) met en évidence la confusion entre la logique de l’évaluation (par les examens) et la logique de la formation : le poids excessif des E3C entraîne l’affaiblissement des apprentissages, on passe trop de temps à évaluer et contrôler et plus assez à enseigner.
Les élèves sont donc constamment sous la pression de l’évaluation, fortement stressé.e.s et considèrent qu’il ne s’agit pas là d’une véritable prise en compte du travail au long cours. Les familles regrettent l’extrême complexité du processus. Les chefs d’établissement voient leurs lycées se transformer en centres d’examen permanents.

Le ministre entend-il prendre en compte les analyses de l’IGESR ? C’est fort peu probable, le Comité de suivi envisage plutôt un affaiblissement encore accentué des épreuves terminales et la banalisation des épreuves en cours de formation vers la fin du bac national.