26 septembre 2023

Sections départementales

L’Institut Montaigne trace l’avenir de l’école

L’Institut Montaigne, ’’think tank’’ libéral, proche de la macronie (en partie financé par des entreprises comme Amazon, Bolloré, Dassault, Total...) publie régulièrement des notes et analyses sur le système éducatif avec l’objectif de refonder l’école en se basant sur le mantra des neuro-sciences (la marotte de JM Blanquer) et la promotion de ’’pratiques scientifiques rationnelles’’. Au-delà du constat partagé par beaucoup des difficultés du système français : l’incapacité à régler les inégalités d’origine sociale, le recul dans les évaluations internationales, la désaffection du métier d’enseignant, revient l’antienne sur le centralisme qui paralyse l’innovation et l’efficacité et la question des moyens qui ne suffisent pas à régler les problèmes. Les textes égrènent mots et expressions fétiches : la culture de l’évaluation et de la transparence, la performance, le capital humain, la plus-value scolaire, l’autonomie des établissements...

La ’’note d’enjeux’’ de septembre 2023 (rédigée par Baptiste Larseneur, expert éducation auprès de l’Institut Montaigne : https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/note-enjeux-ecole-ou-concentrer-nos-efforts.pdf ) dénonce le ’’pédagogisme’’ qui donnerait le pas à l’idéologie sur la recherche scientifique et encouragerait les ’’pratiques inductives tâtonnantes’’ à l’encontre des processus d’enseignement traditionnel ’’qui ont fait leurs preuves’’. Ces pratiques perdent les élèves, les ’’mettent en détresse’’ et aggravent le mal. Il faut donc ’’mettre fin à la liberté pédagogique des enseignants’’, considérée comme une fuite en avant. Dans ce but, le rôle de l’Inspection pédagogique doit être repensé et recentré en tant que tuteur des enseignant.e.s pour élaborer et imposer les « bonnes pratiques ».

L’évaluation doit devenir une constante et la clé de voûte de la mesure de gestion des établissements et des personnels et doit orienter, voire forcer les pratiques. Affectations et mutations, avancements et rémunérations devraient dépendre de l’évaluation et de la performance des enseignant.e.s, établir ’’un lien de causalité entre le niveau de rémunération des enseignants et la performance des élèves’’. Il faudrait tendre vers la généralisation des postes à profil et la maîtrise du recrutement par les chef.fe.s d’établissement, ’’lier davantage l’évolution de la carrière à des éléments objectifs (?) visant notamment l’excellence pédagogique, l’engagement au sein des établissements et les acquis pédagogiques’’.

Et pour répondre à la crise des vocations : diversifier le recrutement et remettre en cause la notion de carrière, minimiser le rôle du concours et recourir à la voie contractuelle (certes ’’revalorisée’’ !) et aux personnels hors Education nationale, attirer les secondes carrières. Cela suppose la refonte de la formation initiale qui doit être ’’plus adaptée à la réalité du terrain’’ et la remise en cause de la masterisation, notamment pour le 1er degré puisque les métiers du 1er degré et du 2d degré sont différents. La formation continue est nécessaire à l’amélioration de la performance, mais il faut pouvoir l’imposer et inciter sa mise en place sur la durée des vacances via une allocation spécifique.

L’auteur de la note remet aussi en cause l’existence du collège unique : celui-ci reçoit des élèves par trop inégaux et hétérogènes en termes de savoirs et de compétences, auxquels on va imposer un parcours identique, les mêmes disciplines, les mêmes objectifs.
La réponse pour satisfaire ’’tant les besoins des élèves les plus en difficulté que ceux des élèves les plus performants, tout en conservant un enseignement commun ’’ serait la diversification et la personnalisation des parcours, l’approfondissement des savoirs fondamentaux et une transition progressive entre l’école élémentaire et le collège (par l’intervention d’enseignant.e.s du 1er degré en 6e). Cela en attendant un acte 2 de la réforme qui acterait le tri des élèves vers des collèges différents ou vers l’apprentissage ?

Certes l’auteur de ces notes prend des précautions de langage, les changements devraient être actés par transition et après concertation, mais à n’en pas douter, ses propositions atterrissent dans les cartons du ministre et ont l’audience du Président de la République et sans doute se concrétiseront dans les réformes futures. A moins de s’y opposer fermement...