Dans le contexte actuel, de la tragédie qui se joue au Proche-Orient, une double imposture nous est imposée à travers le discours dominant, distillé par le gouvernement, relayé par les principaux médias.

1re imposture : l’importation du conflit en Palestine dans nos banlieues, comme si les populations d’origine maghrébine ou proche-orientale allaient se soulever et mettre en danger la paix civile en France. Comme si ces populations n’avaient pas d’autres raisons de mécontentements et de colère du fait de l’abandon des services publics, notamment l’école, dans ces quartiers populaires. Comme si le danger islamiste en Europe et en France était lié au combat national palestinien et que les attentats subis ces dernières années en découlaient évidemment. Comme si le Hamas, mouvement effectivement d’action terroriste, avait jamais exporté ses actions hors de la sphère Israël/Palestine. Comme si l’amalgame pouvait être fait entre Hamas et Daech, voire Al Qaïda, alors que le parallèle n’a jamais été établi par aucun.e chercheur ou chercheuse en ce domaine.

2e imposture : l’opinion française, entrainée par les populations d’origine immigrée et par la ’’gauche radicale’’, serait gangrenée par l’antisémitisme. Un antisémitisme qui ne serait plus lié à l’extrême droite, mais développé à gauche, un antisémitisme assimilé à toute parole critique du sionisme et de la politique des gouvernements israéliens. Réclamer un Etat pour les Palestiniens, c’est soutenir le Hamas et par conséquence être antisémite, demander l’arrêt des bombardements sur Gaza c’est dénier le droit d’Israël à se défendre, c’est donc de l’antisémitisme. Il y a certes des paroles et des actes antisémites en France, mais il n’y a pas un antisémitisme structurel et systémique. L’opinion française est plutôt favorable à la ’’solution à deux États’’, ce n’est pas de l’antisémitisme. Être scandalisé.e par la destruction de Gaza et les exactions en Cisjordanie, après avoir été horrifié.e par les massacres du 7 octobre, ce n’est pas de l’antisémitisme.

Dans la réalité, le conflit est importé de façon totalement malsaine par les acteurs politiques et par le gouvernement. L’accusation d’antisémitisme est instrumentalisée, renversée contre toute vérité historique : le RN avec la complicité cynique de la droite et de la macronie, cherche à s’accorder le privilège de républicanisme le plus pur en renvoyant l’accusation d’antisémitisme sur la gauche forcément ’’radicale’’, tolérante à l’islamisme et au terrorisme djihadiste. Parler d’importation du conflit c’est jeter le discrédit sur les Français.es musulman.e.s ou d’origine africaine soupçonné.e.s par essence d’antisémitisme et de sympathie pour le Hamas, leur faire injonction de se désolidariser de la cause palestinienne pour leur accorder le brevet de bonne citoyenneté française. Tout ceci est insupportable.

La vérité, c’est qu’un État, Israël répond aux crimes terroristes qu’il a subis par des crimes de guerre, de façon illégale en droit international, avec des résultats qui seront forcément inopérants. La raison impose pourtant de chercher une voie négociée et juste pour les deux peuples, et la France doit en être le porte parole en exigeant l’arrêt des opérations militaires contre les populations civiles. Au lieu de cela, le gouvernement, sans tenir aucun compte des analyses des spécialistes de la région, provoque des divisions entre Français.es pour servir sa stratégie politicienne et délégitimer, voire criminaliser son opposition de gauche : accusation de racisme, d’apologie de terrorisme, interdiction de manifester...

C’est pourquoi la FSU appelle à participer aux rassemblements pour la paix en Palestine, le cessez le feu, une solution négociée et le rejet de tous les racismes.