Nouvelle polémique provoquée par les officines de la droite réactionnaire, relayée et attisée par le ministre J.M. Blanquer, hors de toute proportion et raison. Le stage syndical dont il est question, organisé par la section du 93 de Sud Educ’, propose (il aura lieu les 18 et 19 décembre) une analyse sur l’existence d’un racisme institutionnel, voire « racisme d’Etat » qui s’exercerait dans la société française et par suite également à l’école.
A l’occasion de ce stage, 2 ateliers en non mixité étaient mis en place pour les ’’enseignant.e.s racisé.e.s’’ et pour les ’’enseignant.e.s blanc.he.s’’, destinés à élaborer une réflexion sur le vécu et les représentations des un.e.s et des autres, la non mixité devant faciliter la libération de la parole de ceux qui éprouvent le racisme.
Certes, on peut contester les attendus théoriques du libellé du stage et parler de maladresse dans l’organisation du stage, se demander s’il est nécessaire de s’interroger sur les oppressions et le racisme, en séparant victimes et non victimes, comme il fut un temps lorsque les actrices du mouvement féministe organisaient des colloques excluant les hommes ? Pour autant faut-il accuser de racisme ’’anti-blanc’’ les promoteurs du stage ? Faut-il faire courir le bruit que l’ensemble du stage est non mixte et interdit aux enseignant.e.s ’’blanc.he.s’’ ?
Le ministre et une kyrielle d’éditorialistes et d’intellectuels (y compris M. Wieviorka qui parle d’un stage ’’dangereux et malsain’’) sont montés au créneau contre Sud Educ’. Le ministre parle de pratiques contraires à la constitution et veut porter plainte en diffamation pour l’utilisation de l’expression « racisme d’Etat ».
Pour le SNES-FSU 35, cette plainte est illégitime, outre qu’elle n’a aucune chance d’aboutir : – on ne peut pas porter plainte en diffamation contre une personne morale ; – le cas échéant, il faudrait que le ministre porte plainte contre nombre de chercheurs qui utilisent ou ont validé la notion de racisme d’Etat, comme Eric Fassin ou Nacira Guénif (et avant eux, M. Foucault, P. Bourdieu, J. Rancière...) ; – le ministre ’’oublie’’ aussi que le stage a forcément été validé par les autorités académiques.
Un ministre et homme d’Etat digne de ce nom aurait porté le débat sur le terrain intellectuel et universitaire, débattu de la pertinence et scientificité des notions abordées, fait appel à l’intelligence des citoyens. Il a choisi la démagogie, flatter la droite identitaire, et sans doute faire un clin d’oeil aux ouailles de Laurent Wauquiez. Mais aussi de porter atteinte à la liberté syndicale dans la suite de sa collègue M. Pénicaud, ministre du Travail qui a sanctionné des militant.e.s de Sud et de la CGT pour non respect de leur obligation de loyauté. Le gouvernement ne supporte pas la remise en cause de sa philosophie et de sa politique, il lui faut tout maîtriser, l’action et la parole, la théorie et la praxis. Rien ne nous assure qu’à l’avenir les stages que nous organisons pourront toujours se faire en toute autonomie.
Notre ministre ferait mieux de se soucier des problèmes de l’éducation prioritaire, de la scolarisation des enfants de migrants et particulièrement des enfants allophones, des discriminations dont sont victimes les jeunes des quartiers défavorisés, des défauts de la mixité sociale (et qui dira que cela ne recouvre pas les défauts de mixité ethnique) et on en passe...
En attendant, on aura mis de l’huile sur le feu et développé encore l’antisyndicalisme primaire.