Alors que les enseignant.e.s maintiennent le lien pédagogique à coups de rames et que les professeur.e.s princip.aux.ales déboussolé.e.s aident leurs élèves à s’orienter, les conditions de reprise dans les lycées sont brumeuses, et, sans éclairage ministériel, les proviseur.e.s naviguent à vue.

Les incertitudes nationales se situent à tous les plans :

• La situation des oraux de français, source de stress intense pour les élèves de Première comme pour leurs professeur.e.s de lettres, ne serait fixée que fin mai par M. Blanquer. L’annulation de cette épreuve aurait dû lui apparaître comme une évidence compte tenu des problèmes sanitaires, logistiques et pédagogiques que cela pose… La préparation en distanciel profondément inégalitaire de cet oral doit donc se maintenir d’ici fin mai, sans en connaître les éventuelles nouvelles modalités.

• Pour les autres disciplines à examens, les épreuves sont annulées, le contrôle continu primera et un jury d’harmonisation se tiendra. La composition de ce jury est encore très confuse. Notamment, le recteur aurait la possibilité d’organiser ces jurys en d’éventuels sous-jurys, dont l’organisation est encore moins définie…
Ces jurys étudieront les moyennes annuelles des disciplines concernées, sans prendre en compte la période faite en distanciel... ou presque.

• En effet, depuis le 11 mai, il est possible d’évaluer les élèves. D’après M. Blanquer, le 10 mai : « Pour les classes à examen (troisième, première et terminale), ces notes ne comptent pas pour le contrôle continu mais elles donnent lieu à  une appréciation des professeur.e.s pour éclairer les jurys d’harmonisation sur la motivation et l’assiduité des élèves ».
Toutes les interprétations et initiatives étranges peuvent êtres faites pour orienter le jury, notamment de la part des proviseur.e.s : fabrication d’une note de troisième trimestre qui remonte artificiellement la moyenne annuelle, attribution d’un coefficient 0 à telle ou telle note, notations bonus…

• Quid du troisième trimestre de Seconde ? Il va falloir faire davantage d’interprétations voire d’extrapolations : doit-on étendre les consignes ambiguës de M. Blanquer pour les classes à examens ou peut-on choisir ses propres modalités ?

• Les conseils de classe approchent, et les questions d’orientations deviennent imminentes : la phase d’admission de Parcoursup a commencé, les élèves de Secondes doivent choisir leurs spécialités et certains préparaient une réorientation qui a été suspendue en raison de la crise. Il est hors de question que ces derniers se voient refuser l’accès en filière professionnelle pour être placés dans une filière technique !
L’accompagnement des élèves est d’autant plus important qu’ils sont isolés et dans un contexte anxiogène. Les psy-EN ne reçoivent plus en présentiel dans les CIO mais restent joignables à distance. Il ne faut pas hésiter à faire appel à eux.elles pour accompagner les élèves dans leurs choix.
Plus d’informations à ce sujet dans cet article : ORIENTATION : UN VÉRITABLE CASSE-TÊTE !

Même le retour début juin des élèves dans les lycées est incertain, mais il faut l’anticiper. Le grand brouillard national n’aide pas les proviseur.e.s qui peuvent parfois prendre des décisions arbitraires douteuses : réunions en présentiels avec des prises de risques inutiles, injonctions en matière de pédagogie... N’hésitez pas à contacter la section départementale du SNES si des décisions vous interpellent.

La situation actuelle ne doit pas être prétexte aux dérives autoritaires. Les chef.fe.s d’établissement doivent comprendre qu’ils ou elles ne peuvent se passer des personnels pour préparer l’éventuelle reprise de juin, ainsi que celle de septembre, qui s’annonce elle-même houleuse.