La crise sanitaire puis économique a suscité de multiples réflexions et analyses sur l’état de notre société. Le monde intellectuel, les organisations sociales, mais aussi nombre de citoyens ont émis propositions et injonctions à l’adresse des dirigeants politiques pour que soit amorcé un changement profond et radical. Il s’agit tout particulièrement de réhabiliter les services publics et les biens communs et amorcer d’urgence la reconversion écologique.
Au nombre des projets, à l’échelle locale ou nationale, le « Plan de Sortie de Crise », présenté ci-dessous, élaboré par 20 organisations syndicales (dont la FSU), associatives et non gouvernementales. 34 propositions détaillées et argumentées.

Le but est de susciter le débat, faire que tous les citoyens et citoyennes s’emparent de ces propositions et en fassent le programme des luttes à venir. Nous citoyen.ne.s, fonctionnaires et agent.e.s de l’Education nationale, nous sommes absolument concerné.e.s par le débat en cours et nous devons nécessairement nous impliquer.
Car le gouvernement, passées les promesses que tout allait changer, s’enferme au contraire dans la continuité budgétaire, austéritaire et libérale et cherche à profiter de la sidération pour accentuer la droitisation de sa gestion — jouer la « stratégie du choc ».
Pour preuve, le choix des économistes dont E. Macron a choisi de s’entourer pour lui présenter leurs propositions de « réformes ». Une « commission d’experts » présidée par jean Tirole et Olivier Blanchard. Le premier, chantre de la théorie néoclassique et de l’autonomie des marchés, adepte de l’économie comportementale qui suppose la rationalité de l’homo oeconomicus, perçoit l’économie comme une science dure hors du champ politique. Il n’a de cesse de dénoncer les économistes « hétérodoxes », adeptes de la pluralité des approches, donc ennemis à ses yeux de la vraie science et du « bien commun ».
Le second, ancien chef économique du FMI, a certes adouci son discours après la crise de 2007/08, mais se présente toujours social-libéral et macroniste, partisan de « l’adaptation » du marché du travail (lire « flexibilisation ») et des réformes du code du travail : car « à trop protéger, on ne protège plus ».
Tous deux laissent entendre que les choix en matière de santé resteront rationnels : « Si désagréables et inquiétants ces calculs froids sur les choix de santé soient-ils, nous ne pouvons pas échapper à la rationalisation de l’allocation des budgets de santé existants » (J. Tirole, Le Monde, 26 mars 2020, donc en pleine crise !)
L’un comme l’autre se veulent défenseurs de la démocratie représentative comme « république des experts » et des « premiers de cordée », ils ne prôneront certes pas la démocratie participative. Et que feront-ils des conclusions de la Convention citoyenne sur le climat ? des propositions de réforme du système fiscal ?

On le voit, il n’y a rien à attendre du Président de la République et de son gouvernement. Si nous ne voulons pas que « l’Après » soit pareil... mais en pire, il faudra exiger et imposer nos choix, créer le rapport de forces, parce que nous sommes, face à la minorité dominante, malgré tout majoritaires.

Ci-contre, le « Plan de Sortie de Crise »