Le gouvernement reconnaît avec lyrisme et pathos l’urgence de la situation : le système hospitalier est bien au bord de l’effondrement. Pourtant, les mesures proposées ne sont absolument pas à la hauteur de l’enjeu et ne remettent pas en cause la gestion austéritaire du système hospitalier et de la Sécurité sociale.

Pour les personnels, aucun plan de revalorisation pour rendre les métiers de la santé hospitalière attractifs et valorisants, aucun plan de création d’emplois et de moyens, – juste quelques primes plus ou moins pérennes et sélectives, comme pour dire : « pleurez pas, M. Macron vous aime très fort ». Pas de remise en cause du plan « Ma santé 2022 » qui poursuit l’approche ’’gestionnaire’’ et ’’managériale’’ des hôpitaux.

Un catalogue de mesures en trompe l’oeil : le 1er ministre annonce 1,5 Md € de hausse de crédit sur l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie), soit 300 M. pour 2020, 200 M. pour 2021 et 200 M. pour 2022. Vous calculez juste : cela fait 700 M., or le gouvernement compte 1,5 Md, simplement parce qu’il additionne les sommes déjà budgétées ! Trop facile... et très loin des réels besoins.
Ces hausses de crédit, d’autre part, n’effacent pas les économies imposées aux hôpitaux en 2020, même si elles sont abaissées de -850 M.€ à -550 M. Que pèse alors cette hausse de crédits annoncée ? Juste un jeu de balance où le plateau des coûts et dettes pèse bien plus lourd que celui des crédits accordés.

Le 2e point du plan : la reprise partielle par l’Etat de la dette des hôpitaux – bien obligés de s’endetter pour investir, puisque l’ONDAM ne le permet pas, ce qui souligne au passage l’absurdité comptable qui contraint les hôpitaux à s’endetter sur les marchés financiers à haut risque (’’emprunts toxiques’’) et fort taux d’intérêts quand l’Etat peut emprunter à taux négatifs. L’Etat reprendra donc 10 Mds € sur 3 ans sur les 30 Mds de dettes cumulées. Mais cette reprise partielle de dettes sera là encore soumise à condition, donc à chantage : c’est à dire le maintien de l’austérité de gestion et des nouvelles mesures d’économie. Ce qui ne réglera pas la nécessité de s’endetter encore à l’avenir pour investir, rénover, moderniser les hôpitaux, puisque le budget alloué chaque année ne le permet pas. On ne sort donc pas de la crise structurelle de l’Hôpital et on ne prend toujours pas en compte l’impérieuse nécessité de faire face à la hausse des besoins de santé de la population.

Les personnels hospitaliers l’ont bien compris, c’est pourquoi ils appellent à des actions le 30 novembre, le 5 décembre et le 17 décembre. Pour leur part, les personnels de l’Education devront être en grève et en manifestation le 5 décembre car tout est lié : politique de la santé, réforme des retraites, conditions de travail...

Patrick Tarroux