Emmanuel Macron a présenté hier une « planification écologique » qui laisse les écologistes sur leur faim. En effet, de nombreux thèmes (biodiversité, agriculture...) ne sont pas traités, et ceux qui sont abordés sont ni chiffrés, ni à la hauteur des enjeux et toujours dans une logique productiviste.

Les transports ont été évoqués. Et pour cause, il s’agit d’une des principales source de gaz à effet de serre : 30 % de nos émissions nationales sont dues aux transports. Emmanuel Macron semble avoir compris l’enjeu et propose de construire des lignes de type RER dans plusieurs métropoles. Si encourager et développer le rail public est nécessaire écologiquement et socialement, cette initiative aurait été louable s’il n’investissait pas la somme ridicule de 700 millions d’euros… Pour treize villes. À titre de comparaison, la seule nouvelle ligne B du métro de Rennes a coûté 1,342 milliards d’euros.

De plus, cela ne répond nullement aux émissions liées au transport de marchandises. Alors que les camarades cheminots sont en grève aujourd’hui pour l’avenir du fret ferroviaire, l’allocution du Président ignore le sujet. Par rapport à 35 poids lourds, le rail émet 14 fois moins de CO2, entraîne 8 fois moins de pollution d’air et consomme 6 fois moins d’énergie [1].

Parmi les émissions liées aux transports, les deux tiers proviennent des véhicules particuliers. À cela, Emmanuel Macron annonce souhaiter produire 1 million de voitures électriques par an en 2027. On est donc bien loin de remplacer les presque 40 millions de voitures thermiques circulant en France. [2]

Il s’agit surtout d’une logique productiviste nocive pour l’environnement, à l’image de Emmanuel Macron lors de sa déclaration au Mondial de l’Automobile en 2014 : « Quand je conduisais, j’aimais plutôt accélérer et sentir le moteur ».

Il le rappelle encore le 24 septembre sur France 2 et TF1, veille de l’annonce de sa « planification » écologique : « On aime la bagnole, et moi je l’adore. ». Dans cette envolée populiste, il entretient ainsi ce cliché très viriliste, déjà présenté en 2008 par l’ancien Premier Ministre Michel Rocard se souvenant de l’arrivée d’Emmanuel Macron dans une « décapotable toute neuve » avec son épouse Brigitte « les cheveux au vent ».

Une belle « bagnole » donnant au mâle alpha un grand pouvoir sur les femmes en écrasant la nature et les autres hommes n’ayant pas sa chance (son capital). Ce couple littéraire et cultivé semble plus charmé par le bruit des moteurs que par les orchestres symphoniques… Et personne n’entendra bientôt plus le chant des oiseaux.