2 octobre 2008

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les TZR ont raison de se plaindre de leurs conditions de travail

Morgane Petiteau pour le SNES académique, en réponse à l’article diffamatoire d’Isabelle Aubois (OF du 26/09/08) au sujet des titulaires remplaçants

Réponse envoyée le 30/09/08 à Ouest France

Si certains collègues TZR de l’académie ont pu lire l’article paru le 26/09, la moutarde a dû leur monter au nez et nous les comprenons. Rétablissons quelques vérités, car enfin on ne parle bien que de ce que l’on connaît… Les enseignants remplaçants ont en effet toutes les raisons de se plaindre de leurs conditions de travail qui se dégradent largement depuis quelques années. Le rectorat a en la matière une politique digne du pire de l’entreprise privée. Suite aux nombreuses suppressions de postes ces dernières années, les collègues se retrouvent contraints et forcés sur des missions de remplacement. Ce n’est plus un choix depuis bien longtemps ! En outre, depuis 2004 les bonifications spécifiques liées au statut de remplaçant ont été supprimées, leur ôtant toute possibilité de retrouver un poste fixe et un peu de sérénité. Ces collègues voient leur affectation changer chaque année, toujours un peu plus loin de chez eux, de plus en plus en dehors de leur discipline de recrutement. Et ce ne sont plus des étudiants ! Tout salarié aspire à un emploi stable. Comment expliquer alors à une mère de famille de 3 enfants dont le dernier a 18 mois, résidant à Rennes, qu’elle devra se rendre toute l’année dans un lycée de St-Brieuc, après avoir l’an dernier travaillé simultanément dans 3 collèges aux environs de Rennes et avant d’être affectée l’an prochain peut-être dans un lycée professionnel à Saint-Malo ? Comment imaginer qu’elle puisse déménager chaque année ?! Pour cette année, elle n’aura aucun remboursement de ses frais kilométriques et devra quitter son domicile chaque matin vers 6h30 et rentrera vers 19h… Que fait-elle de ses enfants ? On ne parle même pas de frais de garde, mais de possibilité de garde ! Ceci est un exemple parmi tant d’autres… On demande aussi aux remplaçants quand ils ne sont pas nommés à l’année de prendre un poste du jour au lendemain. Pas simple quand on a des enfants ! On pourrait aussi mentionner ces collègues proches de la retraite qui ont vu leur poste supprimé et qui se retrouvent affectés à plus de 50 kms de chez eux… Ne pensez-vous pas qu’ils ont passé l’âge ? Quant aux collègues affectés en dehors de leur discipline par nécessité de service, par souci de rentabilité selon le rectorat, à quel mépris sont-ils soumis ? Qui aurait l’idée d’appeler un maçon pour faire réparer son toit ?!!! Quel mépris des parents d’élèves aussi, à qui on fait croire que tout va bien puisqu’il y a un enseignant devant leur enfant. Quel mépris enfin de l’éducation de nos enfants !
Arrêtons enfin le mythe du remplaçant qui reste bien sagement à la maison payé à ne rien faire. Certes, certains remplaçants ont des périodes sans remplacement, cela tombe sous le sens, mais à vrai dire cela devient bien rare, ils sont plutôt soumis à des remplacements à la chaine alternant tous les niveaux possibles et imaginables. La preuve : le rectorat manque déjà de remplaçants titulaires disponibles dans de nombreuses disciplines et sur de nombreux secteurs géographiques, c’est d’ailleurs la raison même des affectations très éloignées du domicile. Alors laissons les privilèges à un autre temps, ceux-ci ne concernent pas les enseignants remplaçants…


Courrier des lecteurs de OF du 26/09/08 :
Enseignants remplaçants : « Comment osent-ils se plaindre ? » - Rennes
vendredi 26 septembre 2008

Isabelle Aubois, de Rennes, réagit à un article concernant la situation des enseignants titulaires remplaçants (TZR) publié dans Ouest-France le jeudi 4 septembre.
« Tout d’abord, les enseignants titulaires remplaçants (TZR) présentés dans cet article ont l’air de se plaindre de leurs lieux d’affectation, l’un étant nommé à Saint-Brieuc, l’autre à Redon. Les frais kilométriques sont les mêmes, qu’on soit enseignant, secrétaire ou étudiant, peu importe la position. Pourquoi cette catégorie socioprofessionnelle aurait-elle un avantage sur les autres ? Il s’agit de prendre un logement à l’année. Comment font les étudiants ?
« Ensuite, on nous parle de frais de garde supplémentaires pour les enfants. De la même façon, comment font les autres salariés ? Afin d’éclairer le lecteur, il faut surtout préciser que ces TZR ont choisi cette situation (points supplémentaires à la clé). Alors qu’on ne nous dise pas « être professeur titulaire en zone de remplacement, ce n’est pas un choix, c’est un cauchemar ». C’est faux ! Il faut savoir aussi que ces TZR (il y en aurait 1 600 en Bretagne), même s’ils n’ont pas de remplacement dans l’année, sont quand même payés intégralement. Dans ces conditions, ils ont le salaire, pas de frais kilométriques, pas de frais de garde d’enfants. Citez-moi une société qui se permet de payer à temps plein des remplaçants, à part le Stade Rennais, avec Wiltord... Alors que notre société doit être plus solidaire (le RSA est une bonne avancée), comment peut-on concevoir de telles plaintes ? Je croyais que les privilèges avaient été abolis. »