8 octobre 2019

Sections départementales

Les enseignants, grands perdants de la réforme des retraites

La réforme des retraites va pénaliser tous les salarié.e.s, mais tout particulièrement les enseignant.e.s – Macron et son gouvernement l’ont reconnu clairement. Ainsi un.e professeur.e certifié.e qui part après 43 ans de carrière perçoit aujourd’hui une pension de 2880 €/mois, devra se contenter de 1930 € une fois la réforme en place : près de 1000 € de moins chaque mois ! (simulation du SNES-FSU)

  • Parce que le calcul se fera sur l’ensemble de la carrière au lieu des 6 derniers mois,
  • Parce que le système de décote va être alourdi,
  • Parce que la prise en compte des enfants sera minimisée,
  • Parce que, si les primes seront désormais prises en compte dans le calcul, on sait qu’elles sont très faibles (environ 15%) dans la rémunération des enseignants (=/= autres catégories de fonctionnaires et salariés du privé), voire inexistantes pour les prof-documentalistes, les CPE et Psy-EN.

Le gouvernement reconnaît que pour dépasser le problème, il faudrait revaloriser fortement les salaires des enseignant.e.s.
Pourtant cela ne se fera pas !

Macron l’a dit à Rodez le 3 octobre : « Si Je voulais revaloriser comme c’est, Je mettrais 10 milliards. Je ne vais pas revaloriser demain. C’est vos impôts. »

La réponse proposée : puisque le pacte « salaires faibles, mais en contrepartie, vous avez les vacances et un système de retraite favorable  » (dixit Macron), ce pacte est aboli, alors il faut résoudre la question en « repensant la carrière ».
C’est à dire, accepter la hausse du temps de travail, la réduction des périodes de vacances, accepter des charges nouvelles, plus forcément devant élèves, valoriser la carrière de directeur...
C’est ce qu’on trouve dans un rapport Longuet de 2016 et un rapport de la Cour des Comptes en 2017 : en jouant sur l’annualisation des services, augmenter les services des certifiés de +8 heures, imposer la formation sur les temps de congé, et introduire la bivalence, diminuer les heures de cours. A ce prix, les salaires augmenteront peut être... mais dans quelle proportion ?

Après le suicide de 3 enseignant.e.s ce dernier mois, plusieurs épisodes de violence dans des établissements scolaires, alors que se pose la question de la souffrance au travail et du burn out parmi les personnels, ces propositions sont indécentes et insultantes. Comme est insultante l’attitude du président Macron lors de son jeu de questions-réponses à Rodez, où il a feint de croire que le montant moyen des retraites des enseignants est de 1200 €/mois : pour peu nous sommes donc largement gagnant en passant à 1930 €, de quoi se plaint-on ?

Patrick Tarroux