26 mai 2025

Sections départementales

Les faux comptes du président Macron.

Emmanuel Macron a tenu trois heures d’antenne télé le 13 mai dernier pour, non seulement ne rien dire de concret ou d’essentiel, mais aussi pour asséner des fausses vérités pour justifier sa politique de régression sociale et de protection fiscale des plus riches. Il faut décrypter le mauvais usage des statistiques façon Macron.

Premier axiome présidentiel : le déficit budgétaire oblige à diminuer les dépenses publiques, justifiant ainsi les efforts imposés dans les secteurs notamment de la santé et du chômage. E. Macron refuse de voir que l’essentiel du déficit provient de la baisse des prélèvements obligatoires qui sont passés de 45,3% du PIB en 2017 à 42,9% en 2024, soit une perte de recettes de près de 76 Mds € sur le budget 2024. Contrairement aux annonces, la baisse de prélèvements sur les plus riches n’a pas créé de ruissellement, ni accru l’investissement, ni la réindustrialisation, pas plus que la productivité.

Le président affirme que cette baisse de la fiscalité favorise tous les Français, alléguant la suppression de la taxe d’habitation et la baisse des cotisations sociales (au profit de la CSG). Mais il est contredit par les statistiques : ainsi la suppression de la taxe d’habitation a apporté un gain de pouvoir d’achat de 0,5 à 1% pour les 20% de foyers les plus pauvres, mais un gain de 1,5% pour les 20% les plus riches.
L’ensemble des mesures fiscales prises depuis 2017 ont en moyenne assuré une hausse des revenus de 1% pour les 20% les plus pauvres, contre une hausse de 2,5% pour les 20% les plus riches et même de 4,2% pour le 1% le plus riche.
Cette amabilité fiscale pour répondre à la fuite des ’’premiers de cordée’’ n’a pourtant pas de sens, car il est établi que l’exil fiscal ne concerne qu’une part marginale des foyers concernés (même si ceux-ci font beaucoup de bruit). Macron est bien le président des riches.

E. Macron s’enorgueillit de la baisse du chômage du fait de la création d’emplois grâce à l’investissement étranger (cf la grande messe « Choose France » le 19 mai à Versailles). Or la France est juste dans la moyenne européenne en matière de chômage, d’emploi et d’investissements étrangers. La France est certes un pays plutôt attractif (grâce à ses infrastructures et son modèle social et de formation que l’on remet d’ailleurs en cause), mais déjà depuis longtemps avant Macron, et pas vraiment plus attractif que ses voisins. Depuis 2017, l’augmentation du stock d’investissements étrangers (+22%) est très inférieure à ce qu’on constate dans les pays ibériques (+34%), en Pologne (+40%) ou au Royaume-uni (+62%). La France de Macron ne ’’superforme’’ pas.

Autre idée fausse : les Français.e.s partent trop tôt à la retraite, plus tôt que leurs homologues européens. En réalité en France, une triple contrainte pèse sur les salarié.e.s : l’âge légal de départ, la durée de cotisation et la décote, ce qui fait que le départ effectif est très supérieur à l’âge légal — 64,5 ans pour 62 ans, âge légal, en 2020. Dans beaucoup de pays où cette triple contrainte n’existe pas, nombreux/ses choisissent d’anticiper leur retraite sans pénalités très lourdes. Ainsi l’âge de départ effectif en France est comparable à celui des Espagnols, des Belges, ou des Scandinaves, 1 an inférieur à celui des Allemands — par contre 2,5 ans supérieurs aux Italiens ou aux Grecs. Les Français.e.s ne sont pas plus ’’paresseux" ou ’’paresseuses’’ que les autres peuples européens.

Enfin mensonge sur les chiffres de l’immigration quand le président laisse dire par Robert Ménard, maire crypto-RN de Béziers, qu’il entre en France légalement et chaque année 500 000 personnes (donc ’’sans parler des illégaux’’). Dans les faits, les stats dont on dispose (INSEE, min. de l’Intérieur, chercheurs en sociologie) présagent entre 300 et 340 000 entrées en 2022 et plutôt +/- 250 000 les années précédentes. Il s’agit aussi de décompter à la fois les départs et les décès parmi la population immigrée, soit bon an mal an environ la moitié des entrées. Le solde net est donc loin du demi-million d’immigré.e.s par an jeté à l’opinion.
Est-il défendable de la part du président de flatter ainsi l’extrême droite et d’user de ses arguments, de balayer les connaissances établies par les institutions publiques et par les chercheurs et conforter les idées fausses ?