
Depuis le 15 janvier, les 32 814 élèves bretons (679 659 en France) inscrits dans un établissement public ou privé en terminale GT ou pro doivent s’inscrire et formuler jusqu’à 10 vœux sans les classer jusqu’au 13 mars 2025 à minuit sur Parcoursup. Les bachelier.es formuleront ainsi leurs vœux parmi plus de 24 000 formations publiques, privées sous contrat, privées hors contrat, en apprentissage. Le dossier doit être finalisé le 2 avril avec confirmation des vœux. La tâche, bien complexe pour un
e adolescent e et sa famille n’est pas sans stress !L’obligation d’en passer par une plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur est sujet de stress confirmé dans une étude du ministère de l’Éducation nationale en 2023, indiquant que 68% des lycéen
En effet, les résultats scolaires au bac de français (épreuve nationale valide statistiquement pour trier les élèves), dans les spécialités et la moyenne des autres disciplines, représentent la part la plus importante dans le classement des élèves. Dans chaque formation, pour l’examen des candidatures est précisée en pourcentage la part des résultats scolaires, des méthodes de travail, du savoir-être et de la motivation. Si le premier critère est quantifiable, les autres sont suggestifs. Dans le dossier du candidat, un onglet intitulé « activités et centres d’intérêt » à remplir n’est malheureusement pas à négliger. En effet, cette partie fait état des expériences d’encadrement ou d’animation, de l’engagement citoyen et associatif, de l’expérience professionnelle et de « l’ouverture au monde ». Ainsi, selon les formations choisies, l’analyse de la candidature prendra en compte cette partie. Les élèves doivent donc mettre en avant comme pour postuler à un poste dans une entreprise ses compétences, ses expériences. Cette partie est la plus inégalitaire socialement.
Donc, pour chaque élève, la « carte d’identité » de chaque formation doit être attentivement lue. Par exemple, si vous postulez au BUT GEA (Gestion des entreprises et des administrations) : les résultats scolaires compteront pour 80% à l’IUT de Saint-Malo, 55% à l’IUT de Rennes et seulement 25% à l’IUT de Vannes ! Pour un même contenu de formation, un même diplôme, dans une même académie, l’examen des candidatures varie fortement. La tâche est donc très complexe et chronophage pour décrypter l’ensemble des données pour un e lycéen ne et sa famille. Il faut également prendre en compte le nombre de places réservé pour les boursiers, les jeunes issus d’un bac général, technologique ou professionnel. Par ailleurs, il est important de savoir que des critères géographiques ont été réaffirmés pour une entrée à l’université. En Bretagne, les élèves des Côtes-d’Armor et d’Ille-et-Vilaine sont rattachés aux formations en licence des universités rennaises. Pour les élèves du Morbihan et du Finistère, ceux-ci seront prioritaires pour une formation dans leur département si la formation choisie est proposée à l’Université Bretagne sud (56) et à l’Université de Brest.
Cette pression psychologique, avec la peur de ne pas être pris dans la formation choisie du fait d’un nombre important de formations sélectives (CPGE, BUT, CPES, DNMADE, écoles spécialisées, licences universitaires…), accroît considérablement le nombre de « coaches en orientation » non formés sur les formations du supérieur. Seuls les services publics d’orientation que sont les CIO, l’ONISEP, avec des professionnels formés dont c’est leur métier : les Psy-EN « éducation, développement, conseil en orientation scolaire et professionnelle » en lien avec les équipes pédagogiques peuvent accompagner au mieux les élèves dans leur choix de parcours.
Le SNES-FSU dénonce avec la réforme Blanquer un système qui favorise une hiérarchisation des filières et des établissements. Cela conduit à accroître les inégalités, même s’il existe certains critères comme les bourses et la préférence géographique. Parcoursup s’inscrit dans une politique ministérielle basée sur une orientation rationnelle dès l’entrée au collège. En effet, pour faire le « bon choix », un e adolescent e de 17 ans doit être capable d’intégrer ses notes en fonction de la moyenne de la classe, les taux de réussite dans les différentes filières, ses choix, le revenu de ses parents, les débouchés, les perspectives de métiers… Tout cela grâce aux compétences psychosociales nécessaires pour se projeter dans l’avenir ! Ce système s’inscrit malheureusement dans une logique de reproduction sociale, bien loin des valeurs d’une école émancipatrice.
Le SNES-FSU dénonce la privatisation accélérée de l’enseignement supérieur et de l’orientation dans la perspective de développer un marché de l’éducation avec une concurrence accrue entre les formations. Dans ce système, Parcoursup reste un outil néolibéral qui participe à dégrader l’enseignement public faute d’investissements et de moyens. Le SNES-FSU milite au quotidien pour un accès à toutes et tous à des formations publiques dans toute sa diversité.
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