Gabriel Attal multiplie les annonces pour lutter contre les difficultés scolaires, le recul des résultats PISA, la perte d’autorité à l’école... Au-delà du caractère conservateur, sinon rétrograde, des mesures proposées, faudrait-il qu’elles soient financées et réalisables. Or le ministre le reconnaît lui-même, rien n’est budgété. Tout n’est qu’effet d’annonce pour épater l’opinion, volontiers nostalgique du ’’bon vieux temps’’ de la communale et du lycée hyper sélectif. Pour les applications, on reviendra...

Si on chiffre : l’ouverture de tous les établissements en REP jusqu’à 18h chaque jour devrait coûter 80 millions d’euros, le port de l’uniforme s’il est généralisé, 200 € par élève (il y a 6 350 000 élèves en primaire ! et 5 650 000 élèves en collèges et lycées s’ils et elles devaient être concerné.e.s). Le remplacement des manuels en primaire et au collège c’est entre 200 et 500 millions €.
La mise en place des groupes de niveau au collège va exiger l’augmentation conséquente du nombre de postes en Français et en Maths, soit 18 373 ETP.
Autre mesure emblématique, le retour à la pratique des redoublements qui devrait représenter plus ou moins 2 milliards € par an et demander la mobilisation dans le primaire de 30 000 PE, soit si l’on tient compte des postes libérés par la baisse globale des effectifs à venir, la création quand même de 20 000 postes.
Enfin la création de classes ’’prépa lycée’’ de mise à niveau pour les élèves qui n’ont pas obtenu le brevet en fin de collège devrait exiger encore 5 000 ETP.
Ajouter que le projet de réforme de la formation des enseignant.e.s et le recrutement en L3 va demander la création de 20 000 postes de professeur.e.s stagiaires.

Quand bien même ces changements seraient souhaitables, d’autres le seraient tout autant (abaissement du nombre d’élèves par classe, possibilité de co-intervention, travail en équipes...) et cela exige qu’ils soient financés et organisés. Or la loi de programmation 2023-27 impose la stabilité du budget de l’Education nationale pour les années à venir et la diminution des emplois de fonctionnaires avec déjà 2500 ETP d’enseignant.e.s supprimés au budget 2024. Le recrutement pour l’année à venir sera inférieur aux départs en retraites (85% des départs couverts). Le nombre de postes aux concours stagne en Maths, et baisse de 12% en Français, pourtant deux disciplines clés dans le projet Attal.

Tout cela, alors que rien n’est fait de sérieux pour redonner l’attraction nécessaire au métier d’enseignant, quand seulement 85% des postes aux concours sont attribués, que les conditions d’entrée dans le métier et d’exercice sont de plus en plus problématiques et incertaines.