3 juin 2025

Sections départementales

Les reniements tragiques sur l’écologie

Après avoir donné le change sur ses engagements écologistes (loi Climat et résilience en 2021), Emmanuel Macron revient en arrière sur tout, tandis qu’une alliance au Parlement allant d’une large partie de la Macronie au RN entend saper toutes les protections à l’environnement sous la pression de la FNSEA et du lobby agro-industriel. L’heure est au « backlash écologique », la remise en cause de toutes les mesures qui luttaient contre le dérèglement climatique, contre les excès de l’agriculture chimisée, contre le tout automobile, contre la bétonisation des sols. Par démagogie, nos dirigeants politiques croient ainsi satisfaire un soi-disant ras-le-bol des Français sur ’’l’écologie punitive’’ au lieu d’informer sur l’impérieuse nécessité de ces mesures.

Ainsi de la loi Duplomb – du nom d’un sénateur LR, ex-responsable FNSEA qui prévoit de réintroduire des pesticides dangereux, d’encourager l’épandage par drones, de favoriser la construction de mégabassines et de fermes-usines, de détruire les zones humides et d’affaiblir l’indépendance de l’Anses, l’agence nationale chargée d’évaluer et d’autoriser la mise sur le marché des pesticides. Pour empêcher tout amendement du projet sénatorial, la Droite à l’Assemblée nationale s’est entendue pour annuler la discussion et préparer sans débat réel en commission mixte un texte définitif sur la base de la mouture du Sénat.

Autre texte en discussion, la loi de « simplification économique » qui vise à affadir l’objectif de « Zéro artificialisation nette » de lutte contre la bétonisation. Cela en accélérant les mises en chantier de grands projets d’infrastructures ou d’industrialisation, en menaçant la Commission nationale du débat public (CNDP) qui organise la consultation des citoyen.nes. Dans ce projet de loi aussi, la suppression des ZFE (Zones à faibles émissions de CO2 dans les villes), sans prévoir pour autant une amélioration substantielle des transports en commun.

Sur la construction ravageuse de l’A69 (autoroute Toulouse -Castres), avant même le jugement sur le fond, la Cour d’appel administrative de Toulouse autorise la reprise du chantier. Ainsi les travaux seront achevés lorsqu’éventuellement le projet sera annulé par la justice !! Sans compter le vote probable d’une loi (par les mêmes que pour la loi Duplomb) qui passe outre la législation de protection de l’environnement pour autoriser par exception la construction de l’A69. Il n’y a plus de cadre légal et constitutionnel, au bon vouloir des démagogues. Quoi de plus trumpien ?

Autre exemple avec la loi « fast fashion » (la mode éphémère et jetable) votée par l’Assemblée nationale en mars 2024 – pour mettre fin au commerce low cost de vêtements fabriqués par une main d’oeuvre surexploitée (en Chine), suscitant pollution, transports excessifs et gaspillages (3,2 milliards de vêtements mis sur le marché en France en 2023, 35 vêtements jetés par seconde). Le texte prévoyait entre autres des pénalités financières suivant les coûts environnementaux, l’interdiction de la publicité, la sensibilisation des consommateurs. Le Sénat, après atermoiements, examine à présent le texte avec la volonté manifeste de l’édulcorer pour ne cibler que les entreprises chinoises Shein et Temu, alors même que les marques françaises ou européennes fabriquent tout autant en Chine avec la même pratique du moindre coût pour une consommation rapide et volatile.

De façon plus informelle, on nous assène le dénigrement systématique des ’’contraintes’’ et des ’’normes excessives’’ environnementales, le chantage à l’emploi et la menace qui pèserait sur les grands projets ’’d’avenir’’, la perspective du retour passéiste au temps de la bougie... On discrédite toute réflexion sur la décroissance, l’agriculture bio, l’énergie éolienne, on manifeste un désintérêt méprisant pour les énergies renouvelables au profit d’un investissement délirant sur le nucléaire (qui coûte un ’’pognon de dingue’’) au nom du mirage de la techno-science.