Le budget de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le projet de budget 2025 (caduc ?) se monte à 26,8 Mds d’euros, en hausse de 89 millions, soit +0,35%, très en dessous de l’inflation. Il faut aussi tenir compte de nouvelles charges jusqu’à 3% imputables aux budgets des universités (frais d’énergie, coûts de financement des salaires, contribution à la caisse des retraites des fonctionnaires).

Donc dans les faits, le financement des universités ne permet plus de faire face à la hausse des effectifs étudiants (+20% en 10 ans) ni à faire face aux besoins de la recherche et de l’innovation. Ainsi la dépense d’éducation par étudiant est passée de +/- 12500 euros/an dans la période 2007/2014 à +/- 11000 euros depuis 2017, tandis que la dépense par élève de classe prépa est à 17000 euros.

L’Etat se désengage et pousse donc les universités dans le déficit budgétaire structurel — le cas pour trois quarts d’entre elles. Cela entraîne la suppression de nombreux postes d’enseignants chercheurs et de contractuels (ces derniers, doctorants, ATER = 25% des enseignants) et le recours systématique aux enseignants vacataires, devenus majoritaires parmi les enseignants (+ 30% depuis 2017), personnels sans statut, sur-exploités et sous-payés — ils coûtent 5 fois moins cher qu’un professeur titulaire.

Les économies imposées représentent le coût de formation de 1000 à 3000 étudiant.e.s par université et plus ou moins 200 postes de fonctionnaires par université ! Pour faire face les établissements diminuent les projets de recherche, suppriment des sections, puisent dans les fonds de réserve ce qui entraîne l’annulation d’une part des investissements (immobilier, sécurité et conditions de travail, innovation technologique...).
Le ministère propose la privatisation du financement par la participation des entreprises, mais celle-ci piétine à 18% de la dépense d’éducation pour l’enseignement supérieur. On oublie qu’il n’est pas dans la culture des entreprises françaises de financer l’université et la recherche publique (sans doute elles préfèrent le sponsoring sportif ou culturel). Autre solution proposée, la hausse notable des frais d’inscription jusqu’à 2000 euros par an, mesure profondément inégalitaire qui exclura nombre de jeunes de l’enseignement supérieur.

Or les solutions existent : la Cour des comptes a démontré l’inefficacité du crédit impôt recherche (7,6 Mds euros en 2024) qui, concernant les grandes entreprises, loin de favoriser recherche et innovation a surtout rempli les poches des actionnaires. Elle pose aussi la question de l’apprentissage post-bac (il représente 6 apprentis sur 10) qui se révèle davantage être des subventions aux entreprises et à des organismes de formation privés.
Il est temps de prendre conscience, au moment où on parle du « réarmement » économique du pays, de l’absolue nécessité de mener davantage de jeunes vers l’enseignement supérieur et de financer sérieusement la recherche universitaire.