REFORME DE LA FORMATION DES MAITRES CONTINUER D’AGIR, CONTINUER A PESER
Une génération sacrifiée !
C’est le sentiment qu’ont ressenti nombre de stagiaires que nous avons rencontrés tout au long de l’année.
En effet, les stagiaires n’ont bénéficié cette année d’un allégement de service que pour une courte période, de la
rentrée jusqu’aux vacances de la Toussaint. Ils ont dû ensuite cumuler un service à temps plein avec une journée
de formation un jeudi sur deux, soit une charge de travail supérieure à celle des collègues plus expérimentés !
Cette situation a inéluctablement entraîné un gros stress et une grande fatigue pour les stagiaires, et même chez
certains des moments de découragement.
Le temps de formation a été bien évidemment insuffisant pour des gens qui, pour la plupart, débutaient dans le
métier. De plus, la formation imaginée par le Rectorat et commandée à l’IUFM s’est révélée inadaptée et trop
tardive : elle a commencé, pour l’essentiel, après les vacances de la Toussaint, c’est à dire au moment même où
les stagiaires passaient d’un service réduit à un temps plein ! Son contenu était centré sur le transdisciplinaire et
l’adaptation aux réformes alors que les stagiaires se demandaient comment construire des séquences dans leur
discipline d’enseignement !
Bref, tout ce que nous avions dénoncé par anticipation dans les audiences
auprès du Rectorat s’est révélé exact. Le doyen des IPR et le conseiller
pédagogique du Recteur que nous avons rencontrés le 14 avril ont enfin été
obligés de le reconnaître. Suite à notre demande en CTPA, ils ont réalisé
un bilan de l’année auprès des stagiaires, 157 sont remontés (sur 295) :
les stagiaires souhaitent une formation très tôt dans l’année et disciplinaire
avant tout. Les IPR nous ont dit avoir compris le message et vouloir rectifier
le tir l’an prochain ! Nous continuerons à suivre cet aspect des choses pour
que les intentions se transforment en actes.
La profession s’est mobilisée pour changer la donne !
Un des problèmes de fond de la réforme est bien celui de l’affectation des stagiaires à temps plein.
Dès le mois de mars 2010, le SNES avait appelé les personnels à refuser collectivement le dispositif de « formation »
proposé ainsi que la charge de conseiller pédagogique tuteur pour obliger le Rectorat à faire marche arrière,
à accorder une décharge horaire aux stagiaires et une véritable formation professionnelle initiale.
La profession s’était engagée dans cette bataille et la pétition de la FSU avait recueilli 2 500 signatures, ce qui a
contraint le Recteur Miossec à octroyer une demi décharge aux stagiaires jusqu’aux vacances de la Toussaint.
Nous avons continué la bataille après la rentrée pour obtenir une prolongation de cette décharge, sans succès
cette fois.
Évidemment, décharger de façon conséquente les collègues entrant dans le métier nécessite des moyens qui
n’entrent pas dans le cadre budgétaire qui nous est imposé depuis quelques années. Car ne l’oublions pas, c’est
la volonté du Ministère de supprimer 3 000 emplois au budget 2010 dans le cadre de sa réforme inacceptable de
la "masterisation" qui a entraîné la fin de l’année de stage après concours, faisant des stagiaires des enseignants
à temps plein. C’est donc bien aussi sur ce terrain du budget de l’Education que nous devons poursuivre la lutte
nationalement.
La mobilisation autour de laquelle le SNES, par ses actions, a réussi à fédérer toute la profession
a débouché dans notre académie sur une mesure forte : le service allégé pour les stagiaires sur
une partie de l’année écoulée. Reste à en faire un acquis et à contraindre le rectorat à tenir
l’engagement de repenser la formation l’an prochain dans un sens qui correspond aux
besoins des stagiaires.
Continuons d’agir pour obtenir des avancées !
C’est la mobilisation des collègues qui a permis que les stagiaires bénéficient cette année de conditions d’entrée
dans le métier un peu moins difficiles dans notre académie que dans d’autres.
Nous avions dès janvier 2010 à l’annonce de ce nouveau dispositif, souligné que les enseignants avaient besoin
de temps et de formation disciplinaire pour apprendre leur métier.
Malgré un bilan unanimement considéré comme désastreux, et en dépit des annonces de N. Sarkozy lors de ses
voeux de début d’année, le Ministère refuse de « rouvrir le dossier ».
Au contraire, dans sa circulaire aux recteurs sur les dispositifs d’accompagnement, il dégrade encore un peu plus
la situation des stagiaires : les journées d’accueil dureront désormais 5 jours avant la rentrée, ce qui s’apparente
à du travail gratuit. Les tuteurs seront également mis à contribution durant cette période.
Enseigner ça s’apprend et ça demande du temps
Plus que jamais, le SNES le réaffirme avec force : enseigner ça s’apprend et ça demande du temps.
Chercher à faire des économies sur la formation initiale des enseignants est à la fois scandaleux et inefficace sur
le long terme. Cela revient à nier les dimensions pédagogiques et didactiques du métier.
Le SNES demande :
- que les stagiaires bénéficient d’une décharge à l’année (1/3 du temps devant élèves, 2/3 en formation
à l’IUFM), seule solution pour qu’ils aient le temps indispensable pour analyser leur pratique, prendre du
recul et tirer profit des formations qui leur sont proposées. - que ces formations commencent dès le début de l’année et comportent un volet disciplinaire et didactique
plus important, sans s’en tenir à l’application des dernières réformes. - qu’aucune charge supplémentaire ne soit confiée aux stagiaires (HS, PP, classes à examens, service
partagé, ... )
Refuser collectivement d’être tuteur
Tant que les conditions de cette année de stage n’auront pas été améliorées, nous appelons les collègues à
continuer de refuser la charge de tuteur. C’est le refus collectif d’assurer cette mission qui contraindra, comme
l’an passé, le Rectorat à revoir son dispositif d’accueil des enseignants stagiaires. Comme cette année, il
convient d’aider au mieux et d’accompagner collectivement les stagiaires, mais on ne peut en aucun cas
cautionner un dispositif qui conduit à affecter des stagiaires à temps plein, en plus de la formation à l’IUFM...
Le Recteur Miossec lui-même, tout en déplorant le refus des tuteurs, avait reconnu que les jeunes collègues
avaient été bien accueillis et pris en charge par les équipes.
Il nous faut continuer et tenir bon pour obtenir de meilleures conditions de stage pour nos jeunes
collègues et défendre nos métiers au service des élèves.
Modèle de lettre à adresser par la voie hiérarchique au Rectorat et en copie à la section académique
du SNES (24 rue M. Sangnier, 35 000 Rennes)