Gabriel Attal n’a pas tenu longtemps la posture de la rupture avec ses prédécesseurs macronistes. Depuis la rentrée, le jeune et ambitieux ministre applique à la lettre la leçon de son mentor : occuper le terrain en ouvrant un nouveau dossier tous les deux jours. La liste des sujets est fort longue : tenues vestimentaires, remplacement, harcèlement, savoirs fondamentaux, stages en entreprise, calendrier scolaire, redoublement… Leur point commun est de dresser le portrait d’une école en crise qu’il s’agirait de réformer à coup de vieilles recettes parlant surtout à l’électorat le plus âgé ou le plus réactionnaire. Peu importe la faisabilité des réformes promises puisqu’une nouvelle annonce chasse la précédente.
Le « choc des savoirs » annoncé le 5 octobre en est une nouvelle illustration : renforcement du DNB, nouvelle épreuve de bac en Première, groupes de niveau au collège, et « IA de remédiation » au lycée… Sous couvert de retour de « l’autorité » et de « bon sens », il s’agit toujours d’en demander plus en diminuant les moyens (2500 suppressions de postes prévues en 2024). Le Pacte allait déjà dans ce sens puisqu’il ajoutait des missions supplémentaires.
Du RCD au retour au recrutement en L3, toutes les réformes en cours visent à faire des enseignants les simples exécutants de pratiques normées ou de cours standardisés, facilement remplaçables et pouvant assurer toujours davantage d’heures car n’ayant pas de cours à préparer. Et tant pis pour les élèves les plus fragiles qui auront une « scolarité aménagée » qui les privera de certaines disciplines et les conduira à une entrée plus précoce sur le marché du travail.
Le SNES-FSU refuse cette vision d’une école à deux vitesses fragilisant le socle de notre démocratie et s’attache à informer la profession des menaces qui pèsent sur nos métiers pour construire une mobilisation à la hauteur des attaques.
Matthieu Mahéo
Secrétaire général du SNES-FSU Bretagne
Rennes, 5 décembre 2023