Le point de départ de la réforme des inscriptions dans l’enseignement supérieur serait l’idée que la moitié des étudiants échoue en première année d’université. Il faut donc mieux orienter, pré-sélectionner les bacheliers afin de les mettre dans les bonnes cases en fonction de pré-requis et de leurs capacités. Etre sûr ainsi qu’ils réussiront et obtiendront rapidement (cela coûtera donc moins cher au budget) leurs diplômes pour aller très vite servir les entreprises.
C’est oublier que malgré les réorientations en fin de première année, près de 80% des étudiants obtiennent finalement un diplôme de l’enseignement supérieur (Licence ou DUT et BTS) ce qui est très supérieur à la moyenne des pays OCDE.
Et puis en quoi le changement de filière, le tâtonnement, les chemins de traverse devraient-ils être considérés comme un échec ? Un étudiant qui a fait une année non aboutie par exemple en sociologie, puis se réoriente pour obtenir une licence en AES après 4 ans, prend une année à voyager puis revient faire un master est-il le symbole d’un ratage ? Tel autre qui après trois ans passés en licence d’histoire, choisit de devenir charpentier puis de reprendre des études d’architecture a-t-il dérogé ? Alors que par ailleurs on valorise les acquis de l’expérience ou ces chefs d’entreprises au parcours sinueux mais innovants.
Il faut refuser de mettre les élèves de terminale dans des cases, les orienter de façon rigoureuse et fermée. L’enseignement supérieur doit être un moment de formation de sa personnalité, de sa vie future, de sa confrontation aux pratiques citoyennes.
Si le gouvernement veut lutter contre l’échec à l’université, il doit d’abord permettre aux étudiants de se consacrer à leurs études sans avoir à travailler, car c’est là la première cause d’échec. Il faut ensuite faire que les universités puissent suivre et accompagner les étudiants en risque de décrochage. En un mot développer les ressources de l’Université au lieu de favoriser des pratiques malthusiennes.