Les résultats de l’enquête Pisa 2022 viennent d’être publiés, ils ne sont pas brillants pour la France. Ils analysent les performances des élèves de 15 ans en fin de collège, en ’’compréhension de l’écrit’’, ’’mathématiques’’ et ’’sciences’’ pour 81 pays OCDE, dont beaucoup sont des pays à faible PIB/hab. et à faible investissement éducatif. Dès lors, être dans les trois matières en-dessous de la moyenne du panel forcément tirée vers le bas, n’est pas reluisant pour la France. D’autant que si les résultats sont dans l’ensemble OCDE en baisse depuis plusieurs années, ils sont particulièrement en chute en France.

Cette chute est brutale en ’’mathématiques’’, passant de 495 (niveau 2006 à 2018) à 474 en 2022 (moyenne OCDE sur ces années de 500 à 480). Idem en ’’compréhension écrite’’ avec une baisse de 19 points depuis 2018 et des résultats passés en dessous de la moyenne OCDE. Seul le niveau en sciences reste convenable, bien que là aussi sous la moyenne.

Le nombre d’élèves très performants diminue (par ex. 7% en maths) alors que le nombre des moins performants augmente (à 29%), entrainant la moyenne française vers le bas. Cette tendance est générale, mais plus accentuée en France. Le lien entre performance scolaire et statut socio-économique est aussi l’un des plus marqués, par exemple, en maths, 20% des élèves de catégories favorisées sont situé.e.s dans le groupe ’’très performants’’ contre 1,2% des élèves CSP moins. L’écart moyen entre élèves défavorisé.e.s et favorisé.e.s est de 113 points, c’est l’un des plus élevés.

Les analystes de PISA apportent quelques explications :
 La moindre adaptation des établissements français à la crise COVID, des élèves laissé.e.s plus à l’abandon par des enseignant.e.s moins préparé.e.s et moins soutenu.e.s par l’administration.
 La dégradation des conditions d’enseignement manifestée par un manque de personnel enseignant ou/et un défaut d’encadrement administratif. Les quelques progrès mis en place, comme le dédoublement de classe dans le primaire n’ont pas été financés par des créations de postes, mais par des suppressions en collège. Cela constitue une des causes de la dégradation des résultats Pisa. Autre élément, le nombre d’élèves par classe est très supérieur à la moyenne OCDE (30 élèves contre 26).
 La suppression des redoublements (un alignement sur la plupart des pays, en soi plutôt positif) qui n’a pas été compensée par des dispositifs d’accompagnement et de remédiation. Cela n’a donc pas entraîné une progression des résultats. Pour autant, le retour au redoublement ne changera sans doute rien au niveau des élèves.
 La quasi absence de formation continue des enseignant.e.s, le peu qui existe étant jugé largement insuffisant et insatisfaisant, inadapté aux besoins et demandes des personnels.

Les réponses apportées par le ministre Gabriel Attal font l’objet de critiques sévères de la part des chercheurs qui dénoncent un retour à des pratiques passéistes : redoublements, groupes de niveau, enseignements à deux vitesses, uniforme à l’école primaire, autoritarisme aussi bien à l’encontre des élèves que des enseignant.e.s dont on nie l’autonomie pédagogique. Mais rien sur les attentes de la profession : baisse du nombre d’élèves par classe, mixité scolaire, réelle formation continue, mise en place de conditions pour le travail en équipes et l’application de pédagogies librement élaborées...

Cf l’analyse du SNES-FSU  : https://www.snes.edu/article/choc-des-savoirs-une-vaste-reforme-contre-le-college/