3 juillet 2023

Actualité académique

Plus d’élèves que de places dans les lycées publics pour accueillir tout le monde

Plus d’élèves que de places dans les lycées publics pour accueillir tout le monde

Le jour de l’annonce des résultats d’affectation, ce mardi 27 juin 2023, des centaines et des centaines de familles attendant avec impatience le lycée d’affectation de leur enfant pour la rentrée de septembre, ont vu le projet d’orientation de celui-ci écorné en un : « votre enfant est sur liste supplémentaire ». Sur le département 35, c’est plus de 630 élèves de troisième, y compris des élèves en enseignement adapté qui se retrouvent sans solution, sans place en voie professionnelle à la rentrée. Les plus chanceux se verront classés parmi les 10 premiers et les moins chanceux au fin fond d’une liste qui peut compter jusqu’à 300 élèves en attente. Le logiciel s’arrête à 300. Ce sont donc des centaines de familles qui passeront le week-end voire leur été à chercher leurs propres solutions. Les familles et les équipes éducatives se sentent bien souvent coupables et sont culpabilisées alors qu’elles ont fait toutes les démarches pour accompagner les élèves (portes ouvertes, rendez-vous au collège et/ou au CIO). Qu’elles se le disent, il n’y a pas de place pour tout le monde notamment dans le département 35.

Le rectorat et la région réfléchissant en termes de tableau Excel et pas en termes de situation humaine et complexe (nous parlons d’enfant de 14/15ans) expliqueront qu’il reste des places dans des établissements bretons. Comment en entretien expliquer à des familles que leur enfant pourrait aller dans un lycée maritime parce qu’il reste des places à Paimpol alors qu’au départ ce dernier souhaitait aller dans un bac pro cuisine à Rennes ou conducteur/trice routier marchandise à Guer ? Les élèves sont-ils des chiffres à placer …. dans un tableau Excel ? Peut-on en deux jours changer de projet de formation professionnelle ? C’est pourtant ce qui a demandé aux familles, de regarder une liste des places vacantes et de définir un choix entre le jeudi 29 et le vendredi 30, 17h. Même Parcoursup donne plus de temps. Quelle éthique pour ces familles, quelles considérations ?

Comment quand des enfants ont des parents séparés ou dans des situations familiales complexes peut-on imposer ce type de calendrier ?

Ainsi, alors que les services du Rectorat pourraient anticiper, accompagner les équipes et les familles qui vont devoir faire face aux désarrois des élèves, ils choisissent de mettre tout le monde devant le fait accompli comptant peut-être sur le privé et les CFA pour écumer les « sans solutions ». Si la responsabilité du Rectorat reste entière, la Région Bretagne est tout aussi responsable quand elle fait le choix de ne pas créer des places en lycée professionnel à la hauteur des demandes des élèves et des familles. L’ironie de cette situation montre que même dans les formations dites à forts potentielles « adéquationistes », le manque de place est criant.

Le SNES-FSU alerte et dénonce ces situations qui visent à précariser élèves, familles et équipes éducatives. Le manque d’ambition de la politique éducative touche particulièrement les plus précaires et les effets de cette politique du « débrouillez-vous » contribuent au climat social délétère. Le recours au tout numérique ajoute à la fracture sociale et exclut de plus en plus ceux qui ont pourtant dans ces moments le plus besoin d’être accompagnés, conseillés et sécurisés.

Le SNES-FSU sait que ces familles seront contactées par les établissements d’origine et les Centres d’Information et d’Orientation, qui s’ils n’ont pas de solutions toutes faites à proposer, ne laisseront pas tomber les élèves et leurs familles. Les fonctionnaires de terrain au plus près des familles savent l’importance du lien social dans ces moments délicats.

En attendant, Le SNES-FSU demande au service public gratuit de l’Education nationale de s’expliquer sur le manque d’anticipation de cette situation pourtant prévisible et demande une place pour tous les élèves à la rentrée prochaine dans des conditions décentes. La loi prévoit la scolarisation obligatoire jusqu’à 16 ans et l’obligation de formation jusqu’à 18 ans. N’oublions pas que dans le cadre de l’affectation post-troisième, on parle d’enfant qui ont l’âge de 14-15 ans.