La France connaît depuis la crise Covid une baisse de la productivité, plus marquée que dans la plupart des pays industriels. Elle a baissé de près de 3% par rapport à 2019, alors qu’elle a retrouvé son niveau d’avant la crise dans la zone Euro, et largement progressé aux Etats-Unis.
Contrairement à ce que laissent entendre nos responsables économiques et politiques, cela n’est pas le fait des salarié.e.s qui manqueraient d’implication, seraient trop paresseux ou absentéistes, ni la conséquence des 35H ou de trop de congés payés.
Dans la réalité, la baisse de l’efficacité de l’économie française, le décrochage industriel, le retard dans la transition écologique, le PIB par habitant à la peine, tout cela est dû à un ensemble de facteurs qui posent la responsabilité des dirigeants politiques et économiques :
- L’investissement insuffisant des entreprises dans la recherche-développement et l’innovation (domaines accaparés par les entreprises étatsuniennes).
- La politique d’austérité des gouvernements, qui favorise les profits des actionnaires au dépens de l’investissement productif.
- La politique fiscale trop favorable à la baisse du coût du travail donc à l’embauche de salarié.e.s peu qualifié.e.s et la création d’emplois peu productifs.
- L’explosion de l’apprentissage qui mécaniquement abaisse le niveau productif des salarié.e.s dans l’entreprise.
- L’insuffisance des salaires, souvent inférieurs à l’inflation. Or l’expérience démontre que des salarié.e.s mal rémunéré.e.s sont moins performant.e.s. De plus cela pèse sur la demande donc sur l’investissement des entreprises.
- La gestion trop autoritaire et hiérarchique des entreprises en France, des salarié.e.s qui disposent de trop peu d’autonomie et d’initiative, le manque de concertation et de négociation sociales. Cela débouche sur le mal être au travail donc le défaut de productivité.
- La dissimulation des revenus productifs dans les paradis fiscaux : par exemple, lorsqu’un ingénieur français contribue à développer un logiciel, les profits liés à sa commercialisation sont déclarés dans un paradis fiscal. Son travail est alors comptabilisé en France, mais pas ce qu’il a produit et la plus-value qu’il a créée.
La France (et plus largement l’Union européenne) doit retrouver des politiques d’intervention et d’investissement qui s’appuient sur des services publics forts, un système éducatif qui permette d’apporter les formations les plus qualifiées au plus grand nombre. Tous les discours jusque là sont restés lettre morte.