20 février 2019

Actualité académique

RENTRÉE 2019 : NE LAISSONS PAS FAIRE LE MINISTRE BLANQUER !

RENTRÉE 2019 : NE LAISSONS PAS FAIRE LE MINISTRE BLANQUER !

La rentrée dans l’académie, ce sont 500 élèves de plus dans les collèges et lycées publics et 118,5 postes supprimés – l’équivalent des DGH de 2 lycées de 1 000 élèves – compensés par 1611 HSA ! Heures supplémentaires à la hausse en collège, suppressions de postes en lycée avec la réforme en seconde et première, la rentrée 2019 dégradera très nettement les conditions de travail de tous les personnels tout en fragilisant l’offre de formation. Mais ne soyons pas résigné-es car la préparation de rentrée imaginée par le rectorat peut évoluer avec la mobilisation de la profession, impérative pour une autre rentrée 2019 dans l’intérêt de tous.

UNE DÉMOGRAPHIE DYNAMIQUE EN BRETAGNE...

Depuis 2008, le second degré public a gagné 16 000 élèves supplémentaires mais sur la même période les emplois d’enseignants n’ont augmenté que de 200 postes en équivalent temps plein. Sous le mandat de F. Hollande, les dotations positives ont accompagné les hausses démographiques (graphique 1) mais sans rattraper tout ce qui avait été détruit sous N. Sarkozy.

Depuis 2017, le ministre Blanquer renoue avec les suppressions de postes comme lorsqu’il était en poste au ministère avant 2012. En décembre dernier, la communication ministérielle a tenté de minimiser les annonces avec par exemple seulement 29 postes retirés au global pour l’académie, résultat de la différence entre les suppressions sèches de postes (118,5 postes) et leur compensation incomplète en HSA (89,5 emplois). Cette présentation tronquée et insincère n’aura trompé personne et en janvier, 78% de nos concitoyens interrogés dans un sondage se disaient opposés aux suppressions de postes à l’Éducation nationale.

... MAIS « UNE DÉMOGRAPHIE SUR LE DÉCLIN » RÉPOND LA RECTRICE !

Les effectifs en hausse en collège (+700 élèves attendus) seraient ralentis les prochaines rentrées avec des effets décalés dans le temps pour les lycées. Moins de naissances, attrait du réseau privé catholique pour leurs rythmes scolaires et une scolarisation facilitée des moins de 3 ans expliquent en effet la tendance à la baisse des dernières années dans le premier degré. Mais pour le second degré, le rectorat ne tient jamais compte du flux migratoire toujours positif dans l’académie alors que les familles qui s’installent en Bretagne inscrivent principalement leurs enfants dans le public ! Les flux privé-public ne sont pas davantage pris en compte, pourtant la tendance s’est inversée au profit du réseau public à la rentrée 2018. Les suppressions de postes annoncées dans le privé auront sans nul doute un nouvel effet auprès des familles à la rentrée (1100 élèves manquaient déjà pour atteindre les prévisions à la rentrée 2018). En dépit de ces incertitudes, la rectrice considère le maillage d’établissements publics très dense en Bretagne au regard des baisses d’effectifs qui se dessinent et de nouvelles fermetures d’établissements publics ne sont pas à exclure : le SNES revendique bien au contraire l’unification du système éducatif dans un service public gratuit et laïque !

PRESSIONS AUX HSA EN COLLÈGE ET SUPPRESSIONS DE POSTES AU LYCÉE !

Avec 700 élèves de plus en collège, les DGH n’auront pas de moyens supplémentaires sauf en HSA ! Alors que le décret pour imposer 2 HSA aux collègues a reçu un vote unanimement contre au CTM (comité technique ministériel) le 30 janvier, le Ministre pourrait passer en force prétextant en plus revaloriser les salaires avec des HSA défiscalisées ! Le quotidien des collègues est épuisant, imposer des heures supplémentaires est une provocation ! Les établissements ont besoin d’adultes plus nombreux auprès des élèves pour travailler autrement tant en vie scolaire que dans les classes dont il faut réduire les effectifs. Au lieu de cela, les fermetures des postes des collègues partant à la retraite et la chasse aux BMP bloqueront à la fois les mutations des titulaires (INTRA et TZR) et l’accès au contrat des non-titulaires.

LE PILOTAGE DES MOYENS RECONCENTRÉ DANS LES MAINS DE LA RECTRICE…

Les dotations « de base » des DGH ont toutes été attribuées selon des critères unifiés pour les quatre départements. Retirant une capacité d’action aux IA-DASEN sur leur département, la rectrice justifie ce nouveau pilotage pour plus de transparence et d’équité entre tous les établissements. On notera aussi qu’en neutralisant à cette étape l’échelon départemental, les réseaux d’établissements et autres « territoires apprenants » qui émergent péniblement et non sans résistance sont épargnés.

L’IPS de l’établissement (indicateur de position sociale) est désormais pris en compte et permet une couverture des établissements plus large que l’actuelle carte des REP pour des dotations complémentaires attribuées par la rectrice. Le SNES a demandé une attention particulière aux établissements de l’Éducation prioritaire qui pourraient paradoxalement davantage en pâtir. C’est particulièrement le cas dans le 35 où le SNES lutte avec les établissements REP pour que leur situation ne se dégrade pas à la rentrée. Par ailleurs, après la dotation initiale de janvier, les heures statutaires, les pondérations et les IMP seront complétées pour correspondre aux dotations des années précédentes. Le SNES fera un bilan de cette nouvelle gouvernance car au-delà des intentions, ce sont les évolutions réelles qu’il faudra analyser car gérer une pénurie de moyens ne répondra jamais aux besoins des établissements quelle que soit la méthode utilisée !

… MAIS AVEC DES MOYENS MIS EN RÉSERVE À RÉCLAMER !

Des réserves ont été dégagées par le rectorat pour répondre aux demandes des collèges et lycées une fois la dotation initiale répartie. Le SNES soutiendra toutes les demandes des établissements : contactez sans attendre nos sections départementales. Annuler les HSA pour supprimer un complément de service ou une mesure de carte, obtenir des moyens complémentaires pour éviter tous les niveaux de collège en sur-effectifs, financer des groupes de spécialités en première dans les lycées de « taille moyenne » seront sans nul doute des priorités des IA-DASEN. Ce sont d’ailleurs eux qui reprennent le « dialogue de gestion » avec les établissements. La confrontation avec le réel revient donc finalement aux interlocuteurs habituels, ce qui pourrait d’ailleurs solder et résumer cette nouvelle gouvernance académique. En tout cas, les moyens mis en réserve doivent arriver dans les DGH, au plus tard en juin sous forme de BMP pour préserver les affectations des TZR et les recrutements des non-titulaires. Le SNES a dénoncé l’économie de 50 emplois (26 en heures-postes, 15 en HSA et 9 en IMP) budgétés à la rentrée 2018 et qui n’ont pas été utilisés !

De telles pratiques traduisent une austérité inadmissible car elles visent à réaliser des économies sur les moyens dédiés aux élèves : voilà bien une pratique de gestion à éradiquer !

Dossier réalisé par Gwénaël Le Paih