La réforme des retraites va entraîner un effondrement des pensions des enseignants. Le gouvernement le reconnaît lui-même et pour apaiser la colère a promis de revaloriser les salaires pour permettre le maintien du niveau des pensions. Dans les faits, il faudrait une augmentation de 25% des salaires pour y parvenir. Ce que propose le ministre est très en-deçà du nécessaire, à la limite du ridicule...
Pour le gouvernement il est hors de question de réviser la grille salariale, ni de revaloriser le point d’indice (gelé encore jusqu’en 2022). Les 10 milliards € d’abord promis sur une dizaine d’années s’évanouissent dans une éventuelle et lointaine loi de programmation qui n’est même plus envisagée.
Tout se réduit à une augmentation du budget pour 2021 (donc pas dès cette année) limitée à 500 millions d’euros, répartis en :
- 200 M. € de primes, en majorité destinées aux débuts de carrière,
- 200 M. pour rémunérer des stages de formation 5 j/an sur le temps de vacances pour 350 000 enseignants (soit 120 € pour les 5jrs), auxquels on pourra les imposer,
- Quelques dizaines de millions en HSE pour assurer les remplacements en collèges et lycées et la distribution amplifiée d’heures supplémentaires (déjà 2 HSA peuvent être imposées sur les services).
- A cela s’ajoute la promesse d’accélération du passage à la hors classe et à la classe exceptionnelle.
Pour les primes, 4 scénarios sont présentés, concernant et valorisant plutôt les 1ers échelons de la carrière :
- Scénario 1 : les primes sont réparties aux échelons 2 à 5 (14% des enseignants, PE, Cert., Agrégés) de façon dégressive de 157 € à 64 € nets/mois
- Scénario 2 : elles sont réparties de l’échelon 2 à 6 (23% des enseignants) de 128 € à 49,8 €
- Scénario 3 : réparties de l’échelon 2 à 8 (44% des enseignants) de 114 € à 14,25 €
- Scénario 4 : accordées à tous les professeurs de classe normale (76% des enseignants) de 92 € à 14,25 €
Plus nombreux sont les enseignants concernés, plus faibles sont les primes reçues... Voilà ce qui a donc été proposé aux organisations syndicales le 7 février dernier.
Ces montants sont très loin de couvrir les pertes de pouvoir d’achat depuis 10 ans (gel du point d’indice) et de permettre le rattrapage des rémunérations par rapport aux pays OCDE. Très loin de permettre le maintien des niveaux de pensions. Il faut aussi bien comprendre qu’il ne s’agit pas de revalorisation salariale, mais d’adjonction de primes, forcément aléatoires et sujettes à remise en cause.
D’autre part, il n’est pas admissible, que cette maigre amélioration soit indexée sur une augmentation de la charge de travail et conditionnée à l’acceptation de la vision ministérielle concernant le « nouveau métier d’enseignant ». Plus que jamais, il est nécessaire d’affirmer notre refus de la politique actuelle et notre colère face au mépris affiché par le ministre.