Lundi 2 novembre, malgré les revirements ministériels, les consignes contradictoires, la grande confusion qui a régné en cette rentrée, les collègues ont œuvré pour rendre un hommage digne de ce nom à Samuel Paty.
Certaines équipes d’enseignants ont obtenu de leur chef.fe d’établissement le maintien d’une ou deux heures entre collègues avant l’accueil des élèves, ont obtenu que l’hommage se fasse toutes et tous ensemble sur la cour de l’établissement. D’autres ont demandé et obtenu la tenue d’AG en fin de matinée pour avoir un temps d’échange. D’autres, enfin, se sont même résolus à recourir à la grève (Bréquigny, Les Ormeaux...) pour pouvoir se réunir.

Cet hommage a toutefois souvent été cantonné au sein de chaque salle de classe, le professeur parfois seul face à la crainte de réactions inappropriées de certains élèves. Les retours des établissements font malgré tout apparaître que l’hommage avec les élèves a été un moment fort : les personnels et les élèves ont dit ensemble leur émotion, leurs pensées en direction de la famille et des proches de Samuel Paty, et aussi qu’ils n’oublieraient pas qu’un professeur a été assassiné lâchement pour avoir exercé ses missions.

Il n’en demeure pas moins que les enseignants sont en colère : le ministère ne leur a pas reconnu le besoin de préparer collectivement la façon de s’adresser aux élèves, de trouver les mots pour leur permettre de s’exprimer afin de s’approprier les notions complexes de laïcité et de liberté d’expression qui permettent le vivre ensemble. Le ministère ne leur a pas permis de de faire remonter leurs besoins en termes de protection et de formation. Ces besoins devront être entendus et aboutir à de véritables réponses.

Plus que jamais le rôle de l’éducation, celui de l’émancipation des individus, celui de la construction du vivre ensemble apparaît essentiel. Ce rôle se poursuit en dépit du contexte sanitaire qui complique l’exercice du métier. Le soutien du pays aux enseignants s’est manifesté, il doit se traduire par des mesures et une véritable revalorisation des métiers de l’éducation.