Le think tank Terra Nova (qu’on peut classer ’’social-libéral’’), grand inspirateur des réformes de Hollande et aujourd’hui de Macron, inspirateur de la réforme JM Blanquer, vient de publier un rapport dans lequel il exprime sa déception : la réforme du baccalauréat ne va pas assez loin dans l’allègement et la délocalisation de l’épreuve.

Pour les rapporteurs de Terra Nova, le nouveau bac comporte toujours trop d’épreuves – notamment pour évaluer le contrôle continu – pour un examen alourdi et complexe qui plus est étendu à la classe de première : au total 8 épreuves terminales et 18 épreuves de contrôle continu. Cela entraîne un temps excessif consacré au bachotage, et une trop forte mobilisation des ressources des établissements. Ce reproche, les enseignants sont les premiers à l’avoir formulé.
Pour Terra Nova, il faut donc alléger les épreuves er recentrer le bac sur quelques ’’matières significatives en vue de l’orientation dans le supérieur’’ et des matières choisies, propres à individualiser le parcours. Individualiser, responsabiliser chacun, construire son propre parcours, cursus à la carte, ce sont les maîtres mots des théoriciens du think tank.

Autre reproche dans le rapport : le caractère encore trop national du bac. Il faudrait opter pour une organisation où ’’chaque établissement définisse son protocole pour le contrôle continu", rejetant le principe des ’’épreuves communes nationales’’ anonymisées, avec sujets définis nationalement et centralisés dans une banque numérique. L’argument : le diplôme d’établissement permettrait de lutter contre les inégalités ! Car il serait ainsi adapté aux publics des établissements et faciliterait la réussite des élèves des lycées plus fragiles... Tout cela affirmé à l’encontre de la plupart des études sur le sujet concernant la concurrence généralisée des lycées entre eux.

Autre cheval de bataille (qui rejoint les demandes de la Cour des comptes) : la semestrialisation de l’année scolaire pour permettre l’assouplissement des services des enseignants et mieux assurer la sacro-sainte autonomie des établissements autour du chef d’établissement et son conseil pédagogique.

Certes, le rapport dont on parle exprime des frustrations et regrets, ce qui est le signe que le ministre n’a pas osé aller au bout de cette logique libérale (libertarienne d’une certaine façon). Mais Terra Nova est très proche du pouvoir, il inspire beaucoup de ses réformes, le think tank n’a pas renoncé à concrétiser ses idées et aller plus loin dans la transformation de l’Ecole et de son rôle dans la société. Là encore une bataille d’idées à mener...